Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Sang et or
La Catalogne nage en plein surréalisme. Après avoir dérangé Salvador Dali en juin dernier dans sa tombe sous prétexte de filiation à établir, la voilà plongée dans une situation totalement ubuesque. Le feuilleton d’une indépendance acquise dans la liesse virant à la farce. Dans ce qui ressemble à une «?fuite de Varennes?», Carles Puigdemont, roi sans couronne, s’est envolé vers la Belgique avec, dans ses valises, pas moins de cinq ministres. D’ici à ce que le fantasque président catalan fasse le coup du gouvernement en exil.
Car, c’est le paradoxe de cette campagne, les indépendantistes avancent contraints et forcés vers un scrutin décidé par l’état espagnol dont ils rejettent l’autorité. Ces divergences en disent long sur les angoisses des Catalans qui, loin des bravades, sont encore nombreux à chercher comment sortir correctement de cette crise existentielle.
Car ce que nous dit le référendum organisé en Catalogne, qu’a voulu interdire l’espagne ; c’est qu’un homme a envoyé des urnes au peuple et un autre des matraques. Certes, moins de la moitié des Catalans a voté. Mais presque tous se sont prononcés pour l’indépendance. Il faut donc faire ce qu’il reste à faire quand la démocratie s’épuise : s’en remettre à nouveau au peuple. Des élections sont prévues le 21 décembre. Puidgemont a dit qu’il se soumettrait au résultat. Il n’y a pas d’autre solution. Dans toute l’europe, les peuples sont démunis et effarés par le monde. Ils grattent le sol à la recherche de leurs racines. Il faut voir la crise catalane à cet aune. Et y trouver la façon de régler les problèmes. De la Catalogne et de toute l’europe.
Le choix de la Belgique, en ce cas, n’est pas innocent. D’une part parce que la capitale belge, qui est aussi le siège de la Commission européenne, est un carrefour des États et des Peuples de l’europe, et que Carles Puigdemont peut souhaiter un long travail de lobbying pour tenter de faire reconnaître l’indépendance de la Catalogne. Mais la Belgique, c’est aussi un État profondément divisé où l’esprit séparatiste fait son chemin dans les différentes communautés. Et la partie flamande de la Belgique, à l’image de la Catalogne, rêve de se séparer de la Wallonie pour n’avoir plus à supporter de la faire vivre.