Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Attention, danger ?
Avec les premiers frimas et leur armada de microbes, peu de monde échappe aux rhumes, maux de gorge et troubles intestinaux. Premier réflexe des Français : recourir aux médicaments en libre-service. Mais , attention, cela n’est pas sans danger.
Dans une étude, 60 Millions de consommateurs tire la sonnette d’alarme. Près d’un médicament sur deux, disponibles sans ordonnance, est à proscrire. Le rapport bénéfice/risque est en effet défavorable en automédication. La potion est amère pour ceux qui pensaient avoir choisi le bon remède !
Au total, 62 médicaments ont été passés au crible sous le contrôle du professeur Jean-paul Giroud, pharmacologue clinicien reconnu, membre de l’académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne.
Seuls 21 % d’entre eux comme Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Forlax 10 G, Maalox sans sucre sont « à privilégier ». « Ils ont un rapport bénéfice/risque favorable », indique le magazine dans un hors-série consacré aux médicaments sans ordonnance.
Un tiers est classé « faute de mieux » : en clair, leur efficacité est faible ou non prouvée mais ils n’ont pas, peu ou très rarement, d’effets indésirables, poursuit le journal de l’institut national de la consommation (INC).
En bonne place sur la « liste noire », figurent des « stars anti-rhume » comme Actifed Rhume, Dolirhume et Nurofen Rhume. Ce sont des cocktails de deux à trois composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête). Ces touten-un cumulent des risques de surdosage et d’effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires, neurologiques, vertiges…), selon 60 Millions. « Ça pose problème parce qu’en fait, on multiplie par trois le nombre d’effets indésirables », a commenté Adeline Tregouët, rédactrice en chef déléguée du magazine. « En somme, pour décongestionner un nez bouché, on met un bazooka à la disposition des malades », alerte le hors-série qui évoque notamment la pseudo-éphédrine. Cette substance « expose à des risques d’accidents cardiovasculaires et D’AVC », observe le Pr Giroud qui qualifie ces médicaments à proscrire de « dangereux». « Ils devraient être retirés du marché », juge-t-il.
Pour les médicaments destinés à soulager la toux, le bilan de 60 Millions de consommateurs n’est guère meilleur, avec seulement un médicament à privilégier et 60 % à proscrire. « C’est l’hécatombe par rapport à l’étude que nous avions réalisée en 2015, où il y avait 35 % de médicaments à privilégier et "seulement" 50 % à proscrire », rappelle la revue.
Le magazine épingle ainsi des pastilles pour la gorge à base d’anti-inflammatoires comme Strefen sans sucre, qui présentent inutilement un risque d’hémorragies digestives.
Également dans le collimateur, des fluidifiants bronchiques qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité et peuvent être source d’allergie et d’irritation du tube digestif.
Il y a 4.000 médicaments en vente sans ordonnance, chiffre incluant, par exemple, des bouteilles de sirop de tailles différentes ou des boîtes avec plus ou moins de comprimés, et, parmi eux, près de 600 sont en accès direct en pharmacie, d’après le Pr Giroud.