Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Il est permis de publier son propre jugement

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Chacun a le droit de publier une décision de justice qui lui donne gain de cause, puisque les décisions judiciaire­s sont publiques. Cependant, ajoute la Cour de cassation, l'auteur de la publicatio­n peut engager sa responsabi­lité s'il ajoute à ce qu'a écrit le juge des précisions, commentair­es ou détails qui en augmentera­ient l'impact. Cette question se pose principale­ment entre profession­nels concurrent­s, s'agissant d'un domaine dans lequel les juridictio­ns ordonnent souvent la publicatio­n de leurs décisions afin d'informer la clientèle ou le consommate­ur. Mais elle peut aussi concerner toute personne et toute sorte de procédures. Il peut s'agir, observaien­t les juges, de la mise en ligne sur un site ou de l'insertion d'un lien pour renvoyer au jugement, dans une newsletter ou sur Twitter. La partie perdante du procès ne peut pas reprocher à l'autre d'avoir publié sur son blog ou son site internet un jugement tel qu'il a été prononcé par le juge. Il ne s'agit pas d'un acte de dénigremen­t, dit la Cour de cassation. Si le juge ordonne des mesures de publicatio­n précises, il s'agit d'une publicatio­n minimale, généraleme­nt aux frais du perdant, mais rien n'empêche le gagnant d'en faire davantage à ses propres frais. Il est cependant prudent de demeurer neutre et de ne publier que les termes mêmes employés par le juge, sans ajouter ses propres explicatio­ns ou commentair­es. En l'espèce, un commerçant, dans une affaire de concurrenc­e déloyale, avait ajouté quelques mots en publiant sur son site internet un jugement qui condamnait un concurrent. La justice a considéré que ses précisions amplifiaie­nt l'impact de la décision judiciaire et créaient alors, en sens inverse, une concurrenc­e déloyale.

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