Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Retour aux quatre jours d’école par semaine
Alors que le Tarn-et-garonne comme une majorité des communes devraient repasser l’an prochain aux quatre jours d’école par semaine, des experts du monde éducatif s’inquiètent d’un énième retour en arrière... Il pourrait se faire au détriment des enfants, surtout les moins favorisés.
Pour François Testu, président de l’observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes, connu pour ses positions critiques sur ce sujet : “ce n’est pas rendre service à l’enfant que de lui proposer la semaine de quatre jours”. Selon une enquête de l’association des maires, ce mode d’organisation devrait être majoritaire à la rentrée 2018 dans les écoles publiques, sous la pression notamment des parents et des enseignants. Outre les 43% des collectivités dont les écoles sont repassées à quatre jours à la rentrée 2017, l’enquête montre que 40% des communes et 45% des intercommunalités supplémentaires ont d’ores et déjà envisagé les quatre jours à la rentrée prochaine.
Au nom du “pragmatisme”, le ministre de l’education, Jean-michel Blanquer...
..., a autorisé dès son arrivée au gouvernement les communes qui le souhaitent à mettre fin à la semaine de 4,5 jours, instaurée par la gauche sous le précédent quinquennat. Là où il sera mis en oeuvre, il s’agira du troisième changement de rythmes pour les écoliers en neuf ans, après la semaine de quatre jours instituée sous Nicolas Sarkozy en 2008, puis celle de neuf demi-journées en 2013 ou 2014.
Pour justifier
..., le ministre dit notamment s’appuyer sur une étude montrant qu’il n’y a “pas d’impact sur les performances scolaires selon que l’on se trouve à quatre jours ou à quatre jours et demi”. Mais cette étude du ministère de l’education ne compare nullement ces deux modes d’organisation, puisqu’elle a été réalisée alors que la semaine de quatre jours n’était encore rétablie nulle part dans le public.
“Plan mercredi”
“Aller à l’école cinq jours par semaine est un enjeu important pour les enfants les plus défavorisés”, avertit le syndicat cette réforme... Se-unsa. Selon lui, “si certains enfants ne souffriront pas d’aller un jour en moins à l’école”, pour d’autres cette cinquième matinée est “cruciale” pour la maîtrise de fondamentaux comme “l’apprentissage de la langue”. “S’ils ne vont pas à l’école, ces enfants-là n’iront nulle part”, craint-il.
Le responsable de la cellule rythmes scolaires...
...du ministère de l’education il y a une vingtaine d’années, affirme, lui, que “la semaine de quatre jours est particulièrement néfaste pour les enfants défavorisés ou psychologiquement fragiles, en raison d’une concentration des apprentissages sans temps de respiration, sans activités qui leur redonnent confiance en eux”.
Plusieurs acteurs déplorent aussi un retour en arrière précipité
“Bon nombre de parents s’inquiètent d’une absence de concertation”, rapporte Raymond Artis, de la FCPE. “Une réforme aussi lourde en profondeur prend du temps”, regrette Myriam Naël, adjointe à la maire PS de Nantes, qui s’attend à retrouver dans quelques années “une génération” d’enfants qu’on aura “bien perturbés” avec ces multiples changements de rythmes.