Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Molières en Provence...
L’histoire se passe dans la rue la plus pittoresque de Molières, un étroit «carrelot» semé de cailloux blancs, témoin de l’antique bastide, avec ses vestiges de brique rouge, sa vieille écurie au mur de poussière, sa ventripotente maison à colombages, ses portes cloutées comme un fer à cheval et son ancienne remise à grains devenue la maison de Maurice et Monique, à l’époque déjà lointaine où ils étaient jeunes mariés : la rue Soubirous haut.
De leur Provence originelle, Maurice et Monique ont ramené, outre un impérissable accent marseillais, la tradition de la crèche de noël. Pas la crèche minimaliste du kit made in China non, une crèche «riche» comme un chien de puces, sur fond de village des garrigues grouillant de vie, au pied de la montagne Saintevictoire, au temps de Mistral et d’alphonse Daudet. Avec d’authentiques santons en terre cuite comme on ne sait en fabriquer que dans les Bouches-durhône et en Italie d’où ils sont originaires…
Chaque année depuis des décennies, Marie est venue mettre au monde l’enfant Jésus au coeur de ce décor amoureusement préparé, devant lequel sont venus s’extasier bien des moliérains, comme autant de rois mages. Une fidélité sans faille, excepté l’an passé où Monique, frappée par un mal qui allait l’emporter, n’eut pas le courage de sacrifier à l’immuable tradition. Un renoncement contraint et forcé bien compréhensible mais de courte durée. A l’approche de ce mois de décembre, Maurice, gagné par une irrésistible nostalgie, a repris le flambeau, aidé de Juliette et Bertille, ses deux petites filles, auxquelles incomba l’honneur et la lourde tâche de déballer précautionneusement puis de positionner, dans les rues et les places du village en carton, les quelques deux cents sujets qui le peuplent. «Un moment chaleureux» confie notre attachant marseillais, ravi de voir se profiler une possible «relève» et de la perspective de recevoirdans les semaines à venir, tous les après-midi sauf le mardi, des dizaines de visiteurs émerveillés auxquels il va tout « espliquer »…