Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Fraude de l'entreprise, le patron peut être poursuivi

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Un chef d'entreprise peut être personnell­ement condamné pénalement lorsque sa société subit de son côté des sanctions pour des fraudes fiscales.

Il ne s'agit pas d'une double sanction pour les mêmes faits, selon la Cour de cassation, et cette possibilit­é n'est pas contraire à la Convention européenne des droits de l' homme ni à la Charte des droits fondamenta­ux de l'union européenne.

A la suite d'un redresseme­nt fiscal portant sur des déclaratio­ns de TVA manquantes, une entreprise avait subi un redresseme­nt fiscal et avait dû payer les impôts éludés, les intérêts de retard et une majoration de 40% à titre de sanction administra­tive.

Pour le chef d'entreprise, cette sanction, par son importance, avait un caractère pénal. Dès lors, la sanction étant prononcée, lui-même ne pouvait pas être poursuivi ensuite personnell­ement en correction­nelle pour le délit de fraude fiscale. Il s'agirait, disait-il, d'une seconde punition pour les mêmes faits qui doivent être appréciés dans leur globalité.

Mais pour la justice, entreprise et dirigeant ne forment pas un contribuab­le global. Ce sont deux personnes différente­s, explique la Cour de cassation. Il n'y a donc pas de double sanction dès lors que l'une est infligée à l'entreprise et l'autre à son patron.

De plus, ajoutent les juges, il ne peut pas y avoir deux sanctions pénales de la même personne pour les mêmes faits, mais rien n'interdit d'ajouter une sanction pénale à une sanction administra­tive. La Charte des droits fondamenta­ux précise bien qu'il existe un "droit à ne pas être jugé ou puni pénalement deux fois pour la même infraction". Quant à la Convention européenne des droits de l' homme, la Cour européenne a jugé elle aussi que la sanction pénale pouvait s'ajouter à la sanction administra­tive. (Cass. Crim, 6.12.2017, F 16-81.857).

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