A la bonne vôtre

Connaissez-vous l’iprodione ? Moi non plus ! C’est un fongicide utilisé notamment pour lutter contre la pourriture grise, un parasite qui s’attaque aux feuilles de la vigne. Heureusement méconnu à l’époque d’adam. Il est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien. Dans le dernier Que choisir, on découvre que deux crus du bordelais, dont un grand, sont enrichis de cette joyeuse substance. Certes, la concentration d’iprodione dans le Margaux reste en dessous du seuil de toxicité. Mais, tout de même, ça la fiche mal ! Difficile à avaler également, sur les 38 grands vins de Bordeaux millésime 2014 que la revue a passés au crible, 35 contiennent des résidus de pesticides. Jusqu’à six molécules pour le St Estephe château Haut Marbuzet. En tout, ce sont 11 substances qui ont été détectées. De quoi voir rouge ! Le prix des nectars testés affichant un tarif moyen flirtant avec les 40 €. Pourquoi une récolte chimique aussi riche ? Parce que la vigne, pour grands crus ou non, est la culture la plus aspergée. Alors qu’elle représente moins de 4% de la surface agricole, la viticulture absorbe prés d’un quart des 66.000 tonnes de pesticides pulvérisés chaque année sur les champs français. La quasi-totalité sont des fongicides. Les analyses de Que Choisir montrent dans un St Julien Château Lagrange, 10 anti- moisissures pour un seul insecticide. Mais, que l’on se rassure, tous ces vins sont dans les clous, puisqu’il n’existe pas de teneur maximale de pesticides dans le pinard. Quand on sait que certains vins cachent aussi des phalates : on boit la coupe jusqu’à la lie. Les cuves de vinification sont souvent revêtues d’une résine plastique qui largue dans le breuvage ces perturbateurs endocriniens. Plus de la moitié des vins embouteillés en France seraient assaisonnés de la sorte. Et, sans complexe, puisqu’il n’est pas prévu, non plus, de teneur réglementaire. Boire et oublier ce que l’on boit : il faut choisir !