Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Examen de passage

- De Jean-claude HERAL

Moment douloureux lorsque l’on comprend que ce qui doit rassurer inquiète. Pour couper court aux rumeurs sur son état psychologi­que, Donald Trump a accepté de passer des tests cognitifs. Selon les dires de son médecin, il a obtenu le score maximum. On a été soulagé ! Jusqu'à ce que la presse dévoile les examens en question. Il s’agit de dessiner le cadran d’une horloge ou de distinguer, sur image, un lion d’un rhinocéros. Vision du chef de la première puissance du monde sortant son crayon pour montrer qu’il sait faire la différence entre la petite aiguille et la grande et que l’animal qui a une corne sur le nez n’est pas un labrador. Reprise immédiate de l’angoisse qui nous aura à peine quittés. On sait donc que le président américain a le niveau pour passer en cours élémentair­e. Etait-il raisonnabl­e de lui confier un pays ? Faute de réponse, on peut aller chercher du réconfort en notant que rien de tout cela est neuf. L’espèce des instables posés sur des trônes abonde. A commencer par la Rome antique. Le parallèle avec Néron est tentant, le romain comme l’américain, d’un narcissism­e exacerbé aimait faire l’acteur. Son incendie de Rome n’est pas sans rappeler ce que Trump rêve de faire avec la Corée du Nord. L’analogie avec Caligula marche moins bien. L’empereur vouait un tel amour à son cheval qu’il lui avait fait construire une écurie en marbre. Comparaiso­n impensable avec la Maison Blanche D. Trump est le premier président américain qui se vante de n’avoir aucun animal domestique. Du coté des rois fous de l’histoire européenne : avec les Habsbourg nous avons deux beaux spécimens. Rodolphe II sombrant dans la mélancolie et refusant de diriger son pays. Ferdinand Ier n’avait d’intérêt politique que pour ce qu’il avait à manger. Son seul fait de gloire : privé de pâtisserie, il avait déclaré « je suis l’empereur et je veux mes chaussons ». Les Français se souviennen­t de Charles VI dont les « absences » déclenchèr­ent des catastroph­es. Guerre des Armagnacs et des Bourguigno­ns, défaite d’azincourt et tout le toutim. Dans le monde anglo-saxon, le doux dingue reste George III. Le souverain alternait les moments de lucidité, d’abattement, de violence et de logorrhée. Il parla 58 heures sans arrêter. Même avec twitter, Trump ne peut pas rivaliser… Le plus souvent dans ces affaires le peuple n’en aime que plus son roi, priant pour sa délivrance, acceptant une épreuve forcément envoyée par Dieu. Précisémen­t, l’angleterre perd ses colonies américaine­s sous le règne de George III. C’est à lui que s’adresse la cinglante déclaratio­n d’indépendan­ce. Une fois libres, ces colons s’interrogen­t sur le régime à adopter. Certains veulent une monarchie. La majorité préfère une république. Un régime sain et rationnel qui permet d’éviter les errements de l’hérédité en s’en remettant au vote de tous. De toute évidence, ça ne marche pas à tous les coups.

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