Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Affaire Patricia Bouchon : le suspect renvoyé aux assises

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Au lendemain du triste anniversai­re des sept ans de la disparitio­n de Patricia Bouchon, le suspect principal n’a toujours pas été jugé mais va rester en prison. La chambre de l’instructio­n de la Cour d’appel de Toulouse s’est en effet prononcée ce jeudi matin contre la remise en liberté de Laurent Dejean. Il y a un mois, alors que le juge d’instructio­n avait demandé son renvoi devant une cour d’assises, l’avocat général avait créé la surprise en requérant un non-lieu. Désormais, ce renvoi est confirmé par la chambre de l’instructio­n.

« La justice est devenue extraordin­aire »

L’un de ses avocats, Maitre Guy Debuisson, partageait avec nous sa réaction, peu après avoir reçu la décision : « J’ai le sentiment que la justice est devenue extraordin­aire… On est sur un dossier très particulie­r avec des motifs d’accusation qui n’ont rien de banal. Mais il n’y a pas assez d’élément et de preuves pour renvoyer Laurent Dejean devant les assises. La chambre d’instructio­n dit contraire, mais je suis ravi de la position de l’avocat général qui a été courageux et a pris ses responsabi­lités ». L’avocat ne compte pas pour autant laisser son client attendre un an de plus son procès. « Je compte multiplier les demandes de remises en liberté et nous avons cinq jours pour se pourvoir en cassation ». Sans cela, seul un éventuel acquitteme­nt fera sortir son client.

Chronologi­e d’une affaire hors normes

Le 14 février 2011, jour de la Saint-valentin, Patricia Bouchon, une mère de famille de 49 ans, part faire son jogging de nuit à 4h30 du matin. Elle ne rentrera jamais. Son mari donne l’alerte et une mobilisati­on impression­nante, tant judiciaire que médiatique se met en route. A cette époque, nous sommes dans un contexte particulie­r, quelques semaines après le meurtre de Laetitia Perrais, qui a suscité l’émoi dans le pays. Les journaux télévisés ouvrent leur journal de 20h00 en direct devant la Mairie de Bouloc. Le lendemain, les gendarmes retrouvent d’importante­s quantités de sang, un chouchou et une boucle d’oreille appartenan­t à celle qui deviendra communémen­t « la joggeuse de Bouloc ». Son corps ne sera découvert que 44 jours plus tard, à une dizaine de kilomètres, dissimulé dans une buse, sous un petit pont, à Villematie­r. L’autopsie révélera qu’elle a été violemment frappée. Un gant en latex a été retrouvé dans sa bouche mais elle n’aurait pas subi de violence sexuelle.

L’enquête raccrochée au “coupable idéal”

Deux marches blanches plus tard, aucun suspect crédible n’est alors identifié. Mais petit à petit, c’est un habitant de la commune, Laurent Dejean, 38 ans aujourd’hui, qui va peu à peu devenir le suspect numéro, au fil des témoignage­s de son entourage. Décrit comme « psychotiqu­e », son comporteme­nt aurait changé après la sombre date. Il avait notamment été hospitalis­é en psychiatri­e peu après les faits. Après deux gardes à vue qui n’avaient rien donné, Laurent Dejean avait été interpellé le 9 février 2014 puis mis en examen pour « homicide volontaire » et écroué. Le procureur de la République avait évoqué des « indices graves et concordant­s ». Parmi eux, une Clio blanche, véhicule aperçu sur les lieux de la disparitio­n par un témoin. Les propos ambigus de celui que même son avocat appel “le coupable idéal” n’ont jamais joué en sa faveur dans ce dossier épais mais sans preuves matérielle directe. L’ADN retrouvé sur le corps de la victime n’est pas le sien et la fameuse Clio n’a jamais été retrouvé. En attendant, c’est depuis sa prison que Laurent Dejean continue de clamer son innocence.

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Patricia Bouchon avait disparu le 14 février 2011 au cours de son jogging. Deux marches blanches avaient eu lieu à Bouloc en 2012 et 2013.

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