Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Vous aimez vos paysans, n’oubliez-pas de leur dire
Le Salon de l’agriculture ouvre ses portes dans quelques jours et des sondages vont nous rappeler leur bonne image. C’est une réalité. Ils sont jugés modernes, dignes de confiance, respectueux de la santé des consommateurs, courageux. Et pourtant, ils ont le blues.
D’où vient le malaise ? Pourquoi les agriculteurs français sont-ils si nombreux à se sentir mal aimés ? C’est une autre réalité. Une majorité d’entre eux a le sentiment que la société les montre du doigt.
Alors que l’agriculture française vit une mutation économique et sociale considérable, les paysans se sentent incompris, attaqués de façon injuste par des relais d’opinion qui souvent ignorent les réalités dumétier. Il suffit de regarder les attaques subies par les éleveurs sur la question du bien-être animal.
Au moment où les filières prennent à bras-le-corps cette préoccupation légitime, des campagnes conçues pour choquer clouent au pilori toute une profession quand il s’agit de condamner des faits isolés et inacceptables.
Sur la qualité de l’eau, sujet sensible, mesure-t-on à leur juste valeur les efforts réalisés par les professions agricoles pour adapter leurs pratiques ? Oui, la société est parfois injuste avec les paysans. Comment un projet comme Sivens, qui devait amener de l’eau à toute une vallée en difficulté et remonter le niveau d’étillage d’un Tescou qui voit rouge en été, a t-il pu être abandonné.
Confrontés à des exigences toujours plus fortes, à des normes toujours plus strictes, à des cahiers des charges toujours plus lourds, tiraillés entre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, les paysans travaillent pour s’adapter. Sans garantie de revenu : un tiers d’entre eux a gagné moins de 354€ par mois en 2016.
Les situations de détresse sont réelles. Que dirait-on si des salariés travaillant 60 ou 70 heures par semaine gagnaient cette somme ? On crierait au scandale ! C’en est un.
Le consommateur doit devenir responsable
Les États généraux de l’alimentation organisés par le gouvernement et le projet de loi présenté par le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, aideront, espéronsle, à améliorer la situation financière des paysans. Mais ils ont eu aussi le mérite de mettre en lumière les mécanismes de répartition de la valeur produite par la ferme France. Rarement à l’avantage des agriculteurs ! Le citoyen consommateur doit ouvrir les yeux et s’intéresser au mode de production, de transformation et de commercialisation des aliments qui arrivent dans son assiette. C’est ce qu’ont essayé de faire les Jeunes Agriculteurs de Tarn-et-garonne lors de leur dernière Assemblée Générale.
Elles relèveront d’autant mieux ce défi que les consommateurs s’intéresseront de près à l’agriculture, à l’extrême diversité et à la qualité réelle des aliments qu’on leur propose. Les paysans méritent le respect et la reconnaissance des citoyens.