Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« On importe ce qu’on nous interdit de produire chez nous »

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Mille jeunes agriculteu­rs ont été reçus par Emmanuel Macron ce jeudi à l’élysée. Sincère marque d’attention pour l’avenir de l’agricultur­e ou opération de « com » ?

« Un vrai coup de com ! On entend de beaux discours, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, mais les décisions concrètes sont exactement à l’opposé. On impose des cahiers des charges de plus en plus compliqués aux agriculteu­rs, on prétend monter en gamme, mais à côté de ça on ouvre les frontières, on importe et on détruit l’agricultur­e française. On se veut très libéral sur le commerce et très restrictif sur les normes. Cela ne peut pas aller ensemble. On ne peut pas demander à l’équipe de France de football de jouer avec des chaussures Louboutin. » Le bio, ça n’est donc pas la panacée ?

« On est en train de casser toutes les filières, y compris le bio. Quand je vois une enseigne de la grande distributi­on qui annonce vouloir ouvrir un réseau de magasins bio en disant que ce sera sous les mêmes conditions que le convention­nel, c’est qu’il ne conçoit pas des prix plus élevés, et c’est donc qu’il veut les alimenter avec de l’importatio­n… Soit on veut produire en France, maîtriser le cahier des charges et garder une agricultur­e diversifié­e, auquel cas on peut mettre des règles et les imposer au commerce, soit on nous donne à côté de ça les moyens d’être compétitif sur le marché mondial. » L’agricultur­e française a bonne réputation.

Elle doit pouvoir se vendre à l’étranger ?

« Oui, mais c’est valable pour 4 ou 5 % de produits très haut de gamme, comme le Champagne. On ne peut pas passer tous les vins comme du champagne. C’est seulement 300 millions de bouteilles, une niche, du luxe comme LVMH. Derrière , il y a le gros de la troupe, qui fait aussi des produits de qualité mais moins chers, parce que le marché est demandeur. Lui se retrouve affaibli par les règles du commerce internatio­nal. Surtout que ces filières ont fait de gros efforts de compétitiv­ité… Depuis quinze ans, on descend dans les classement­s. On importe plus qu’on exporte. J’ai beaucoup de mal à comprendre le discours du président de la République, qui veut revenir à des circuits courts, pour réduire la pollution des transports, et qui en même temps propose aux pays d’amérique du sud d’augmenter leurs quotas de viande, de sucre, etc.

On marche sur la tête : on importe ce qu’on nous interdit de produire chez nous, des Ogm, des antibiotiq­ues, des hormones. On trompe le citoyen et en plus on le fait douter de la qualité de ce qu’il y a dans son assiette. Mais du glyphosate, par exemple, l’agriculteu­r français, en moyenne, en utilise un litre à l’hectare, les Brésiliens sont à 15 litres à l’hectare et on va importer leurs produits… »

Qui souffre le plus Tarn-et-garonne ?

« Les éleveurs toujours, et les producteur­s de céréales, oléagineux et protéagine­ux, en particulie­r dans les zones du départemen­t où les terres sont plus difficiles à travailler.» en

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La profession agricole est en "désaccord profond" avec Emmanuel Macron à propos des négociatio­ns commercial­es entre L'UE et les pays du Mercosur, qui menacent 20 à 25.000 exploitati­ons en France, a déclaré la présidente du FNSEA. Le syndicat...

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