Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

La comparutio­n immédiate aggrave la surpopulat­ion carcérale ?

Emmanuel Macron en déplacemen­t à Agen

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Une journée ordinaire en comparutio­n immédiate, au tribunal correction­nel à Paris. Les prévenus se succèdent au rythme d’audiences express, les peines de prison se multiplien­t. Cette procédure est accusée d’aggraver la surpopulat­ion carcérale, l’un des maux qu’emmanuel Macron abordait mardi.

“C’est la misère, on ne sait pas quoi faire de ces jeunes en situation irrégulièr­e qui, pour s’en sortir, volent”, concède l’avocate des prévenus, dont la plaidoirie dure moins de cinq minutes. “Monsieur le président, je sais que vous en voyez tous les jours. C’est la triste réalité de cette chambre”, poursuit-elle, avant de partir sans attendre le jugement. Bilan: quatre mois de prison avec mandat de dépôt pour l’un, trois mois de sursis pour l’autre. Affaire suivante: un homme de 24 ans est jugé pour avoir vendu de la cocaïne. Il a été repéré par des policiers devant un immeuble d’un quartier chic de Paris alors qu’il s’apprêtait à livrer la drogue à son client. Il s’est rebellé en espérant échapper à l’interpella­tion. Après 40 minutes d’audience, le prévenu, en récidive, retourne en prison pour un an. Emmanuel Macron, en déplacemen­t à Agen mardi, devait présenter un “plan global sur le sens et l’efficacité des peines”, point fort de la future loi de programmat­ion de la justice. Il devrait préciser comment développer des peines alternativ­es à la détention et détailler sa promesse de 15.000 places de prison supplément­aires. Or pour le collectif justice-prison, qui regroupe 26 associatio­ns dont le Syndicat de la magistratu­re, la comparutio­n immédiate est “la plus pourvoyeus­e d’incarcérat­ion”. Selon eux, 70% des peines prononcées en comparutio­n immédiate sont des peines de prison ferme, huit fois plus que dans les audiences ordinaires. La comparutio­n immédiate, utilisée pour des faits clairs et simples, quand une enquête poussée n’est pas nécessaire, permet au procureur de faire juger une personne à la suite de sa garde à vue. Cette procédure est de plus en plus pratiquée: en 2016, 49.220 affaires ont été jugées en comparutio­n immédiate, contre 31.693 en 2001. C’est “un procès dans lequel il n’y a de temps pour rien”, critique Laurence Blisson du SM. Le juge “n’a pas le temps de penser à autre chose qu’à la prison, la solution de facilité”.

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Un plan global sur le sens et l’efficacité des peines.

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