Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

RN comme un Rêve National

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Exit le Front Nat’, voici le Rassemblem­ent national qui n’est ni tout à fait l’un, ni complèteme­nt l’autre. Marine Le Pen a longuement justifié dimanche l’articulati­on de ce laborieux hybride par la nécessité de changer, de se renouveler et de séduire d’éventuels alliés sans cependant se renier.

Le congrès de Lille était l’occasion pour l’ancienne candidate à la présidente de la République, de tirer les enseigneme­nts de sa défaite devant ses troupes et de leur proposer une vision d’avenir.

Le Front passait pour trop guerrier, le Rassemblem­ent est certes plus consensuel mais peutêtre pas si heureux. En effet le «Rassemblem­ent national » évoque fâcheuseme­nt le « Rassemblem­ent national populaire » de Marcel Déat, aux pires heures de la collaborat­ion.

Passez celà, le congrès de Lille marque surtout une prise en main du parti par Marine Le Pen. Un parti qui sera à son service exclusif et même si elle affirme ne pas «s’accrocher à son siège», la présidente ne cache pas son désir de «finir le travail». Comment pourrait-on en douter quand, en Europe comme aux Etats-unis, vieilles terres de démocratie libérale, le populisme et le souveraini­sme ont le vent en poupe ?

Marine Le Pen ne s’y est pas trompé avec un discours qui s’en est tenue aux fondamenta­ux, un programme qu'elle avait rodé pendant la campagne présidenti­elle avant le difficile faceà-face avec Emmanuel Macron.

Sans rechercher un seul instant à se «dédiabolis­er», ce qu’elle avait fait les années précédente­s,marine Le Pen a parlé de la lutte contre l’immigratio­n, illégale ou même légale, ou encore l’appel à une autre Europe, loin de celle de Bruxelles, tout en renvoyant prudemment aux calendes grecques la sortie de l’euro. C’est peutêtre là qu’il faudra voir la réelle différence avec «Les Patriotes» de florian Philippot.

Aujourd’hui, le vieux mouvement d’extrême droite se retrouve dans une position paradoxale : alors que ses idées ont largement infusé, y compris au sein d’une partie de la droite parlementa­ire, il n’en tire pas les bénéfices. Résultat, jamais sa présidente n’a été autant discutée et dans un parti qui cultive à ce point le culte du chef, c’est bien plus qu’une péripétie.

À demi-mot, il ne s’agit ni plus ni moins que de mettre en route une machine électorale susceptibl­e de ne plus caler au deuxième tour, comme le FN en avait pris l’habitude.

Carpe et lapin, exploit de contorsion­niste, ce «RN» qui fait songer à nos glorieuses et prometteus­es « routes nationales » doit dérouler un billard impeccable­ment asphalté vers le pouvoir.

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