Le retour de Lucy

Il est illusoire de croire que l’europe ne sera pas concernée par le prochain rouleau compresseur des vagues migratoires qui se répandent dans le monde à partir des zones les moins développées. En 40 ans, les flux entre pays du sud et ceux du nord ont triplé, passant de 20 à 60 millions de personnes. Exception faite du Maghreb, en direction de la France, l’afrique n’a pas joué un rôle important dans ces vagues migratoires venues surtout d’asie et d’amérique du sud. L’afrique subsaharienne était encore trop pauvre. En 1960 un peu plus de la moitié de sa population vivait dans la pauvreté absolue, aujourd’hui c’est moins de la moitié alors que sa population a plus que quadruplé. 230 millions en 60, un milliard en 2015. Elle est de plus en plus en phase avec le reste du monde auquel elle est désormais connectée : télé satellitaire, internet, 4G etc…un nombre rapidement croissant d’africains est en prise directe avec le reste du monde et peut réunir les moyens nécessaires pour aller chercher fortune ailleurs. Cette situation rappelle celle du Mexique. La grande masse des mexicains était trop démunie pour émigrer, seulement 1 million d’entre eux avaient traversé le Rio Grande. Mais, à la faveur d’un début de prospérité dans leur pays, de plus en plus de mexicains ont franchi la frontière : 10 millions d’entre eux ont émigré en Amérique. En 35 ans ils ont formé une communauté de plus de 30 millions de Mexicanos-américains, soit plus de 10% de la population. Si les africains suivent leur exemple, d’ici 2050 l’europe compterait 150 à 200 millions d’afro-européens.dans un peu plus de trente ans, entre un cinquième et un quart de la population européenne serait d’origine africaine. Aujourd’hui nous sommes 510 millions d’européens pour 1,3 milliard d’africains, dans 35 ans ce rapport sera de l’ordre de 450 millions d’européens pour 2,5 milliards d’africains. Par ailleurs, la population européenne aura continué de vieillir alors qu’en 2050 les deux tiers des africains auront moins de 30 ans. Non, les africains ne vont pas migrer à cause de leur pauvreté, mais parce qu’ils s’enrichissent avec le décollage économique. Non, les politiques d’aide et le codéveloppement ne vont pas fixer les populations, mais les inciter à se déraciner. Non, les murs et les barbelés ne vont pas les empêcher de passer, pas plus que les bons ou les mauvais sentiments. Les discours hypocrites des uns ou cyniques des autres ne résoudront pas le problème. Là où il faudrait un débat serein nous n’avons que mensonges et invectives. En faire un débat politicien est mortifère. Et nous avons, de par le monde, beaucoup de candidats au suicide !