Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Des gnons sans modération

Il frappe sa femme avant d’étrangler son fils

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Ils auraient pu jouer le rôle de la famille Groseille, ou inspirer Emile Zola pour l’écriture de L’assommoir. Ils sont l’archétype de cette France d’en bas, celle que l’on ne voit pas ou que l’on ne veut pas voir, la France oubliée, loin des start-up et du CAC 40, la face cachée d’une société qui se délite, ou misère sociale, exclusion, violence et alcoolisme s’unissent pour emporter des familles dans un maelstrom qui ne s’arrête que lorsqu’elles sont définitive­ment broyées. C’est une de ces familles qui est présente dans la salle d’audience en cet après-midi du 27 mars ; le père, que l’on appellera Pierre, doit répondre des faits de violence sur son épouse et son fils ainé. Ils vivent à Pommevic. De la vie maritale, sont nés 3 enfants aujourd’hui âgés de 13, 10 et 4 ans. Le couple est au chômage. Le 23 décembre 2017, accompagné de leur fils ainé, ils se rendent chez des amis à Saint Nicolas de la Grave pour boire l’apéritif. Ils ne vont y aller avec le dos de la cuillère, et les verres d’une célèbre boisson anisés et de whisky vont se succéder inlassable­ment. A ce régime là et au bout de quelques heures, tout le monde se trouve dans un état second, on le serait à moins ! La suite est consigné sur le procès verbal que les gendarmes ont tenté de dresser. Supportant peut être moins l’alcool que son compagnon, la mère s’est sentie fatiguée et a fait savoir qu’elle désirait rentrer. Est-ce cette requête qui a tout fait basculer ? C’est là en tout cas que tout dérape. Pierre s’en prend tout d’abord à sa compagne et la bat comme plâtre. Voyant sa mère en mauvaise posture, le fils tente alors de s’interposer. Mal lui en prend, car son père, emporté dans sa folie nimbée de volutes alcoolisée­s, va alors tenter de l’étrangler, avant de s’en prendre à leur voiture dont il cassera plusieurs vitres. A leur arrivée sur les lieux, les gendarmes vont trouver la mère prostrée et apeurée, et le père en piteux état, pantalon déchiré et mains en sang. L’examen médical pratiqué sur la mère révèlera des blessures au dos, sur les bras et sur le visage, conséquenc­e des coups de pieds donnés par Pierre. Appelée à la barre, elle va reconnaîtr­e que c’est la seconde fois que son compagnon la frappe, et qu’après une courte séparation d’une semaine, le couple a repris la vie commune. Dans ses réquisitio­ns, la procureure rappellera la triste cruauté des faits et leurs conséquenc­es, 5 jours D’ITT et un traumatism­e crânien pour la mère de famille, la violence extrême dont ont parlé les témoins. Elle demande 8 mois d’incarcérat­ion dont 4 avec sursis, assortis d’une mise à l’épreuve de 2 ans et obligation de soins. Dernières paroles à l’accusé “Je regrette ce que j’ai fait, mais ce qui est fait, est fait”. Décision de la cour : 8 mois de prison avec sursis, 3 ans de mise à l’épreuve avec obligation de se soigner et travailler.

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