Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
La grotte racontée avec passion à Castelsarrasin
Dans le « foyer » principal, un os d’ours calciné est prélevé pour une datation...
Mercredi 21 mars à 18h, la salle de la Médiathèque de Castelsarrasin était comble pour la conférence de Michel Soulier qui a évoqué «Toute l’histoire de la grotte de Bruniquel».
« Cette histoire débute en février 1990 quand Bruno Kowalczewski, jeune spéléologue membre de la Société Spéléo-archéologique de Caussade (SSAC) ouvre un passage vers l’inconnu. : la désobstruction d’un terrier de sauvagine sur un coteau des gorges de l’aveyron, pratiquement à la confluence avec la vallée de la Vère, au pied du village de Bruniquel 20 m de passages étroits le conduisent face au noir, au grand noir ! Le lendemain, le 25 février, une équipe composée de 4 membres du club l’accompagne dans une visite plus approfondie de cette découverte. Outre les bauges d’ours très visibles, à près de 350 m de l’entrée un mur, une sorte de barrage, constitué d’une grande quantité de concrétions brisées et organisées sur le sol en une forme vaguement ovale, une autre forme plus petite et quelques amoncellements de concrétions les intriguent fortement Très rapidement, ils en informent François Rouzaud, archéologue au Service Régional de l’archéologie (SRA) de Toulouse qui après une visite détaillée de la grotte confirme la découverte des spéléologues que l’on ne peut attribuer qu’à une intervention humaine.
Pour le démontrer, en 1992 et 1993, une cartographie des structures et de la salle environnante est réalisée. Ce travail permet d’identifier quelques «foyers» disposés sur les structures ce qui impose, de fait, la présence de l’homme en ces lieux. Dans le «foyer» principal, un os d’ours calciné est prélevé pour une datation 14C. Ce n’est qu’en 1995 que le laboratoire nous communique la date : au moins 47 600 ans ! C’est extraordinaire ! Cette nouvelle fera un tour du monde médiatique, avec les moyens de l’époque.
Pour le démontrer, en 1992 et 1993, une cartographie des structures et de la salle environnante est réalisée. Ce n’est qu’en 1995 que le laboratoire nous communique la date : au moins 47 600 ans !
Puis, la disparition prématurée de F. Rouzaud, en 1999, interrompt ces recherches. En 2012, après une visite de l’exposition consacrée à la grotte à Bruniquel, et celle du site souterrain, Sophie Verheyden, géologue et spéléologue Belge, veut obtenir une date fiable avec Uranium/thorium Pour ce travail, le porteur de projet Français sera Jacques Jaubert, préhistorien, assisté de Sophie Verheyden. Michel Soulier, membre de la SSAC et Dominique Genty, spécialiste des paléoclimats complèteront l’équipe de base «Bruniquel».
En 2014 : reprise des recherches, une photogrammétrie 3D des structures et, pour chacune des 440 concrétions constituant les structures, une «fiche d’identité» la plus complète possible nous permettent de constater «l’intelligence» apportée à l’élaboration des structures avec l’emploi de cales et de contreforts.
En 2015, le SRA met en place une instrumentation (mesure de température, CO2, radon) et commande la topographie globale et de précision de la cavité afin de préparer le dossier d’instruction d’un classement au titre des Monuments Historiques.
2016 sera la grande année de la Grotte de Bruniquel. Nous recevons l’autorisation d’annonce de datation le 25 mai à 19 h : -176 500 ans ! Une date qui va faire la «une» des journaux du monde entier. Nous repoussons ainsi de quelques 140 000 ans la plus ancienne présence sous terre (en milieu souterrain profond) de l’homme préhistorique. Et celui-ci n’est plus l’homme moderne comme celui de la grotte Chauvet mais l’homme de Néandertal ancien.
La Grotte de Bruniquel devient un site de référence unique au Monde.
2017, l’étude du site se poursuit. Nous étendons nos recherches systématiques au-delà des structures, dans la salle du même nom. L’étude des deux «foyers» principaux se poursuit in situ parallèlement à des expérimentations de laboratoires.une semaine spécifique sera consacrée à des relevés scanner 3D allant jusqu’à la précision infra millimétrique et à la couverture photographique en haute définition (8000 clichés) sur 150 mètres de galerie, depuis la salle des structures et en revenant vers l’entrée.ces travaux ont un but triple : conserver la «mémoire du site» au plus près de l’état de découverte, faciliter un travail de laboratoire non invasif et, peutêtre un jour prochain, proposer à chacun de nous la possibilité de visiter virtuellement la cavité dans un espace de restitution voisin du site naturel.
Et, ce n’est pas terminé, … une campagne 2018 est annoncée !».
Pendant 2h, Michel Soulier a tenu en haleine un public des plus attentifs.