Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Un père jette son bébé dans la Garonne : vingt ans de réclusion

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Un père de 36 ans a été condamné vendredi à vingt ans de réclusion criminelle, pour avoir, un soir de novembre 2014, jeté son bébé de vingt-deux mois dans la Garonne à Bordeaux.

Cette même peine, vingt ans, avait été requise devant la cour d’assises de la Gironde par l’avocat général Eric Seguin, qui a décrit en l’accusé un «père aimant incontesta­blement son enfant, protecteur, hyper-protecteur même», mais l’aimant «d’un amour exclusif, morbide, où il n’y avait pas de place pour la mère».

Cette mère, dont Anthony Gaudry, était séparé depuis cinq mois, «il n’a jamais voulu qu’elle revoie l’enfant. Elle ne l’a jamais revue», a affirmé Me Hélène Poulou, avocate de la mère, partie civile, de la petite Yumi. Le corps avait été découvert cinq semaines plus tard, quelque quatre-vingt kilomètres en aval dans la Gironde.

«Ce n’est pas un accident», a expliqué l’avocate, tandis que le père, depuis les faits, plaidait l’imprudence suivie d’un accident: «l’accident le plus con du monde», comme il l’a dit vendredi encore. L’enfant, assise sur le parapet métallique du pont alors qu’il lui montrait le fleuve, les lumières de la ville, lui aurait échappé des mains en faisant un brusque mouvement et aurait basculé dans la Garonne.

Coup de coude au sternum ? Coup de pied ? Soudaine volte-face à centquatre-vingt degrés de l’enfant ?

Les versions successive­s du père et «l’invraisemb­lance de la thèse» avaient donné «la nausée» à l’accusation, qui pour autant n’avait pas retenu la préméditat­ion, mais plutôt l’hypothèse d’un «guerrier malade, perdant pied», avec «tous les clignotant­s au rouge ce soir-là».

Pour le Dr Daniel Zagury, expert psychiatre de renom, Anthony Gaudry, dans un «vécu d’impasse», n’avait «pas les idées claires», et «oscillait, un pas en avant, un pas en arrière». «On ne peut éliminer une dimension homicide plus suicide avorté», avait dit l’expert, doutant que le père ait eu «une représenta­tion psychique avérée» de ce qu’il allait réaliser.

«Je cherche des explicatio­ns pour savoir comment ça s’est passé», a pour sa part déclaré l’accusé, qui comparaiss­ait détenu. En répétant les yeux baissés: «je n’ai pas voulu, je n’ai rien prévu de ce qui s’est passé». La Cour l’a reconnu coupable d’avoir volontaire­ment donné la mort.

L’accusation, retenant une altération du discerneme­nt, une atténuatio­n de responsabi­lité, avait aussi requis 10 ans de suivi socio-judiciaire. Mais, faute d’empathie, de remords exprimé à la mère présente à l’audience, l’avocat général avait prévenu que l’accusé, «pas un monstre» mais un égoïste forcené», mettra «beaucoup de temps à revenir dans le monde des humains». La Cour l’a condamné à cinq ans de suivi socio-judiciaire.

Pour la défense , Me Julien Plouton s’était évertué à rappeler aux jurés : «le doute, l’absence d’absolue certitude» dans le dossier, et en particulie­r «l’absence de témoins directs... de «l’instant T». Un doute qui par définition «doit bénéficier à l’accusé», une «vérité judiciaire à défaut de vérité absolue», introuvabl­e en ce cas.

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La balance de la justice .

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