Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Trafic de cigarettes La contrebande tisse sa toile
L’installation d’une batterie de caméras de surveillance n’aura rien changé au sort de la place Arnaudbernard, au coeur de Toulouse. Les vendeurs à la sauvette se sont juste déplacés de quelques mètres, histoire de recadrer hors-champ ce petit commerce si peu clandestin.
Un billet de cinq euros furtivement tendu contre un paquet de « Philip Morris », et celui-ci s’en retourne fumer à moitié prix ou presque.
Les buralistes ne s’étonnent même plus : « Nos ventes baissent et pourtant nous croisons toujours autant de fumeurs... Il y a forcément un problème, non ? »
Certains experts font de la France le premier pays consommateur de contrebande en Europe.
Outre d’opportuns particuliers multipliant bien au-delà de leur consommation personnelle les virées transfrontalières, c’est une sorte de multinationale de la clope à pas chère qui désormais tisse sa toile. Si l’algérie continue d’arroser le marché français, la Bulgarie alors n’est pas en reste.
Selon les prélèvements effectués cet hiver par le cigarettier Seita Imperial Tobacco, à Montauban c’est environ un quart des paquets qui proviennent de la contrebande. Dans la préfecture tarn-et-garonnaise, la majeure partie vient d’endorre et de Bulgarie.
L’on ne compte plus également les pages Facebook de revendeurs organisant leurs précommandes en ligne, comme celle donnant rendez-vous chaque dimanche, sur le parking d’un hypermarché. DES CIGARETTES À DOS D’HOMME
La relative proximité d’andorre (3,50 € le paquet, dans la limite légale de 300 cigarettes) n’arrangeant rien à l’affaire.
Si l’on pensait la contrebande à dos d’homme abandonnée, voilà que des passeurs tracent à nouveau leur sillon parmi les hauts sentiers pyrénéens. Petite armée de l’ombre grossissant à chaque augmentation du prix du tabac, ceux-là seraient aujourd’hui plusieurs dizaines à randonner quotidiennement.
Dans la neige, 40 kg sur le dos, ce qui fait beaucoup, beaucoup de cartouches. Souvent une centaine. Soit environ 1 500 euros de bénéfices à la revente, à tout le moins pour le donneur d’ordre.
Car derrière ces bêtes de somme – des types dans la merde ou bien des sans-papiers – il y a d’abord des petits caïds. En milieu d’aprèsmidi, tu vois quelques vieilles et grandes voitures remplies de gars monter. Sauf qu’au retour, il n’y a plus que le chauffeur à bord. Les autres seront récupérés à la tombée de la nuit dans la vallée.
Agacé par la baisse paradoxale des saisies douanières (238 tonnes l’an dernier), le ministre Darmanin ne s’y est pas trompé en décrétant la contrebande de tabac « priorité du quinquennat. »