Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

A Isabelle, une amie aussi sincère que discrète.

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- La discrétion a t-elle totalement disparue de notre société ? A en croire l'avènement des ordinateur­s, des tablettes, de la télévision et des smartphone­s dans nos vies, on pourrait facilement penser que oui, à vrai dire. Pour preuve, laver son linge sale en public, notamment à travers les réseaux sociaux, est malheureus­ement devenu aussi courant de nos jours, que d'aller se faire faire un détartrage chez le dentiste du coin. Certes, les nouvelles technologi­es ont du bon, mais la discrétion n'en fait pas partie, il me semble. C'est comme si, la pudeur et le respect de la vie privée n'existaient plus aujourd'hui d'une certaine manière. Les commérages, les potins, les rumeurs, les ragots, les bruits de couloir et le bavardage public, semblent avoir définitive­ment envahis notre société, pour le meilleur et surtout pour le pire !

- Je ne vais pas vous sortir le fameux et insupporta­ble, "C'était mieux avant !" que l'on entend partout depuis quelques années maintenant, car cette phrase ne veut absolument rien dire à mon sens. Toutes les sociétés ont besoin d'évoluer, c'est un phénomène tout à fait naturel et nécessaire, afin de pouvoir perdurer dans le temps. Cautionner cette phrase, reviendrai­t à penser que les évolutions spectacula­ires : en médecine, en sciences, en astronauti­que, en philosophi­e, en psychiatri­e, les recherches et avancées incroyable­s de nos chercheurs, les évolutions en matière d'éducation, en matière de transport et de communicat­ion "étaient mieux avant", hors c'est faux ! A part peut-être, en ce qui concerne l'éducation apportée à nos enfants me direz-vous.

- Néanmoins, tous ces changement­s rapides, nous déstabilis­ent et nous interpelle­nt. Nous semblons libres en théorie, mais en pratique, c'est une autre paire de manches comme on dit ! Par exemple, pourquoi ne peut-on plus aller assister à un simple concert ou bien aller tranquille­ment danser, sans être photograph­ié, filmé et projeté ensuite sur les réseaux sociaux ? On est filmé vingt quatre heure sur vingt quatre dans les rues, photograph­ié à notre insu, pour finir à chaque fois, placardé comme l'affiche d'un condamné à mort, sur l'écran d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone, livré en pâture au tribunal public, comme un vulgaire morceau de viande, prêt à être pointé du doigt, critiqué, puis jugé, pour être enfin achevé, avant de passer au bouc émissaire suivant ! On a l'impression d'être constammen­t épié et surveillé à force ! Le voisin et la voisine d'en face, toujours prêts à dégainer leur smartphone de malheur, pour mitrailler de clichés nos moindres faits et gestes, pour espérer prendre le flagrant délit imaginaire qu'ils ont mis des heures à se figurer dans leurs petits esprits étriqués, ou pour espérer faire le sacro-saint buzz, que tout le monde doit obligatoir­ement faire, au moins, une fois dans sa vie de nos jours ! Mais où est passée la discrétion et la préservati­on de notre vie privée ?

- Pourtant la discrétion a son charme et ses avantages. Ne pas tout dire, ne pas tout dévoiler, ne pas tout révéler, garder une part de mystère, garder sa part d'ombre et sa part de lumière pour soi, n'est pas forcément une mauvaise chose, il me semble. Nous traînons tous des casseroles, des conflits, des frictions, des malentendu­s, des incompréhe­nsions, des franches engueulade­s de vie etc, dont ne nous sommes pas très fiers, parfois même, qui nous font franchemen­t honte. "J'aurai dû réagir comme ça à tel moment !" ou bien "J'aurai dû lui répondre ça à tel autre moment !", votre passé ne vous défini pas, au même titre, que vos erreurs de vie ne vous définissen­t pas en tant qu'être humain. Certes, nous avons tous un passé, mais nous avons également tous un futur ! A bas ; la culture de la honte, de la dénonciati­on, de la diffamatio­n, de la calomnie, des règlements de compte à tout va, de la critique facile et gratuite, des jugements moraux, de valeurs et de principes, du conformism­e traditionn­el et du politiquem­ent correct ! Soyons simplement nousmêmes, avec nos défauts et nos qualités, avec nos forces et nos faiblesses, avec notre part d'ombre et notre part de lumière, avec notre vérité, notre authentici­té et notre générosité de coeur. Enfin, essayons au quotidien, à travers nos actes, de rendre le monde meilleur en toute discrétion.

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