Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Lancer de nourriture à la maison d’arrêt
S’il prenait un jour l’envie au Comité International Olympique d’inscrire l’épreuve de lancer de paquet par dessus un haut mur au programme de futurs JO, nul doute que de nombreux “athlètes ” montalbanais pourraient prétendre à monter sur le podium, tant cette discipline quelque peu particulière semble être devenu un sport local. Cette galéjade pourrait prêter à sourire si les murs en question n’étaient pas ceux de la maison d’arrêt de Montauban. Et elle ne déclenche aucune hilarité ni chez les gardiens de la prison, ni chez les habitants du quartier de Beausoleil, spectateurs obligés de ce triste spectacle et premières victimes des nuisances engendrées par cette pratique qui n’a rien de sportive. Désireux d’y mettre sinon fin tout au moins d’en freiner l’expansion, le parquet et la police montent une opération. Les forces de l’ordre se mettent en planque autour de la maison d’arrêt. Ils n’auront pas à attendre longtemps, et le samedi 26 mai, ils interpellent deux “lanceurs ”, qui en un tour de main vont se voir invités à passer de l’autre coté du mur, un lieu qu’ils connaissent parfaitement l’un et l’autre pour y avoir déjà séjourné. C’est donc détenus et en procédure de comparution immédiate que se présentent devant la cour Marc et Philippe. Philippe reconnaît avoir acheté 900 grammes de viande hallal, d’en avoir fait 4 paquets avant de les lancer.
Marc parle de 7 paquets contenant des épices, des bonbons et autres douceurs. Les faits étant établis et reconnus, le président en vient à la personnalité des prévenus. Marc, 23 ans, est célibataire. Depuis sa libération en janvier 2018, il est hébergé par une association de réinsertion et travaille comme chauffeur-livreur en CDD. Son casier, lourdement chargé, fait état de plusieurs condamnations pour vol, violence avec arme, vol aggravé, extorsion, vol en réunion, recel de vol… Philippe a 32 ans, il est papa d’une petite fille de 2 ans et travaille en CDI depuis juillet 2017. Son casier comporte quelques condamnations pour des délits routiers. Le procureur fustige ces agissements qui constituent une véritable plaie, qui malgré la banalité des contenus, sont bel et bien des délits. Il demande 4 mois sans mandat de dépôt pour Philippe, 4 mois avec mandat de dépôt, révocation de 2 sursis datant de 2014, un de 2 mois et l’autre d’un mois pour Marc. Pour la défense, les deux prévenus sont victimes de pressions émanant d’anciens co-détenus. La cour suit les réquisitions dans leurs intégralités.