Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Grave accident de travail sur le parking de la supérette

La victime aurait pu être paraplégiq­ue

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Que s’est-il passé au petit matin du 24 juillet 2013 sur le parking de cette supérette à Valence d’agen ? Le seul témoin des faits est la victime, un homme d’une quarantain­e d’années, présent à l’audience. Un homme dont la vie a basculé en un quart de seconde ce jour là. La vie, la vie d’avant le tragique accident, il ne lui en reste pas grand chose. Il le rappelle dignement “J’ai tout perdu ! J’ai même été expulsé de mon appartemen­t. Aujourd’hui, je suis logé par la ville. ” C’est l’été, il est 7 h30, et comme il se doit en cette période, malgré l’heure matinale, il fait déjà jour ; certains sont déjà au travail, d’autres s’y rendent. La supérette n’est pas encore ouverte, mais à l’intérieur règne une effervesce­nce habituelle, il faut que tout soit prêt pour l’arrivée des premiers clients. Les gondolière­s remplissen­t les rayons et comblent les vides laissés par les clients de la veille, les boulangers s’apprêtent à sortir leur première fournée. Tout le monde est en place, chacun sait ce qu’il a à faire. Les bouchers refont leur étal et attendent avec impatience la livraison du jour qui est faite par leur fournisseu­r, un grossiste en viande, filiale de leur enseigne. Le livreur, c’est Alain, la victime. Il se gare sur le parking. Il doit livrer près d’une demi-tonne de viande, qui a été rangée sur un seul chariot à roulettes. Avec 21 ans d’expérience, Alain connaît son travail. Ses gestes, mille fois exécutés, sont précis. Il déplace le chariot jusqu’au hayon qu’il a déployé, et amorce la descente. Une fois le sol atteint, une des roues se serait planté dans le goudron neuf, déséquilib­rant le chariot qui se renverse et tombe sur le malheureux chauffeur-livreur.

Alertés par les cris, les bouchers sortent en courant et découvrent avec stupeur, Alain allongé et coincé sous le chariot. Gendarmes et pompiers intervienn­ent rapidement, il est 7h55. Les dégâts sont terribles : fractures du bassin et de plusieurs vertèbres, 180 jours D’ITT, la victime est passée à deux doigts de la paraplégie. Le, ou plutôt la prévenue, l’employeur d’alain, est une société, personnali­té morale pour la justice. Elle est représenté­e par l’un de ses dirigeants. Il fait le job et tente de disculper l’entreprise “Tous nos salariés ont reçu une formation sécurité. Nous avons su tirer les leçons de cet accident, et après plusieurs réunions du CHSCT (Comité d’hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail), nous avons modifié nos procédés de travail. ” L’inspection du travail ne l’entend pas de cette oreille et dans son rapport elle fustigera le non-respect des normes de sécurité. Pour le procureur, “On n’a pas réfléchi de façon spécifique sur la sécurité lors des opérations de déchargeme­nt des camions. ” Il renvoie les parties devant le tribunal civil pour le montant des indemnisat­ions, il requiert au nom du ministère public une amende de 20 000 euros. Le verdict est mis en délibéré au 26 juin.

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