Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Le bébé a-t-il été privé de soins par ses parents ?

"La fragilité d’un petit être de 2,9 kg et 46 cm..."

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Clara, elle s’appelle Clara. C’est une jeune fille et son prénom reviendra de nombreuses fois tout au long des débats, car elle est au coeur de cette affaire. Elle en est la victime. Mais Clara ne parlera pas, personne ne la verra ; elle n’est pas là. Et pour cause, elle n’a que cinq ans. Ses parents, eux, sont là. Et pour cause, ils sont poursuivis pour privation de soins compromett­ant la santé d’un mineur de 15 ans par ascendant, faits commis le 19 avril 2013 à Montauban. L’affaire a emprunté un tortueux chemin avant d’arriver devant le TGI de Montauban, ce qui explique l’ancienneté du dossier. Elle commence le 7 juin 2013, lorsque l’hôpital toulousain où Clara vient d’être transférée, envoie un signalemen­t au procureur montalbana­is pour suspicion de maltraitan­ce, avec de forts soupçons de SBS (syndrome du bébé secoué). Les médecins ont en effet diagnostiq­ué une fracture du crane, une cote cassée et surtout un hématome sous-dural, souvent synonyme de SBS. Un juge est nommé et après une longue instructio­n, il prononce un nonlieu, arguant de l’impossibil­ité de prouver les faits, et quand bien même, l’incertitud­e sur l’auteur des faits. Après l’appel interjeté par la partie civile, un complément d’informatio­n est ordonné, et cette fois le juge met les parents en examen pour privation de soins, décision entérinée par un arrêt de la chambre d’instructio­n de la cour d’appel de Toulouse le 21 juin 2017. Erwin, le père, et Magali, la mère, sont là aujourd’hui pour répondre de ce délit. Lui, il a 35 ans et exerce le métier de magasinier-cariste. Elle, a 38 ans et travaille dans une grande surface. Ils se sont connus en 2010, et ont vécu en couple jusqu’à leur séparation en 2014. De leur union, est née Clara le 21 mars 2013.

Pour Erwin, c’est son premier enfant. Magali elle, est déjà maman de 5 enfants qu’elle a eu de 3 hommes différents, fruits d’un parcours amoureux erratique et tous placés en famille d’accueil aujourd’hui. Faire naitre la vérité ne va pas être chose facile dans cette affaire, dans laquelle la victime ne peut s’exprimer et avec des prévenus s’enfermant dans la dénégation. C’est à cette tache ardue à laquelle va s’atteler le président Lenfantin, avec le tact et la fermeté qui lui siéent et en reprenant les faits dans l’ordre chronologi­que. D’abord, l’envie d’enfant ; Clara a été un bébé désiré, les deux parents en attestent, et pour cela Magali a arrêté la contracept­ion. Ensuite la grossesse ; elle est à risque selon le corps médical, c’est la raison pour laquelle elle sera suivie par une sage-femme. Si les premiers temps se passent bien, dès le quatrième mois des complicati­ons l’amèneront à rester couchée jusqu’à terme. Puis l’accoucheme­nt, qui se passe bien mais qui donne la vie à un bébé chétif de 2,3 Kg. Enfin, les premières semaines, qui vont rapidement révéler des soucis de santé ; Clara mange peu et est atteinte de constipati­on chronique. Arrive la fatidique journée du 19 avril 2013 où tout va se jouer. Il est 19h, la famille recomposée est à table, Magali ayant encore à cette époque la garde de ses 2 plus jeunes fils. Clara est dans son relax, posé sur le canapé. Elle semble souffrir et pleure à chaudes larmes.

Tout d’un coup, ses yeux se révulsent. Pris de panique, Erwin la prend dans ses bras tandis que Magali téléphone au SAMU. Devant la descriptio­n des symptômes, le médecin régulateur au bout du fil conseille de se rendre aux urgences, où les parents et le bébé arrivent aux alentours de 20h30. Après avoir examiné le nourrisson, l’interne propose de garder Clara la nuit à l’hôpital avant que la pédiatre la voit le lendemain. Magali n’est pas d’accord, elle veut juste que l’on soulage son enfant. Et si la pédiatre ne se déplace de suite, c’est que ce n’est pas si grave que ça. L’interne administre un traitement, et le trio s’en retourne chez lui. Pour la partie civile, Me Villageon fustige “la gestion surréalist­e des symptômes par les parents. ” Le ministère public, en la personne de la procureure Chaumeton, s’attarde sur les rapports d’expertise et sur la fragilité d’un petit être de 2,9 Kg et 46 cm. Elle réclame 8 mois avec sursis simple. La décision est mise en délibéré au 10 juillet.

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