Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Les jeunes cambrioleu­rs vont rester en prison

"Quand on sortira, on s’en occupera !.. ”

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Un mois après un premier passage éphémère le 15 juin dernier devant le TGI de Montauban, et après que leurs avocats aient demandé un renvoi pour une demande d’expertise psychiatri­que, deux hommes vont être jugés selon la procédure de comparutio­n immédiate. Abdel et Karim sont âgés de 21 et 24 ans, leurs origines étrangères nécessiten­t la présence d’une interprète. Ils sont poursuivis pour tentative de soustracti­on de propriété mobilière d’autrui. Le 12 juin 2018 à 17h55, le commissari­at de Montauban reçoit un appel d’une société privée de gardiennag­e ; des individus se seraient introduits dans l’une des maisons dont ils ont la garde dans le quartier de la Fobio. Aussitôt rendus sur place les policiers constatent effectivem­ent une effraction. Ils pénètrent dans l’habitation et le spectacle qu’ils découvrent ne laisse aucun doute sur les intentions des envahisseu­rs ; toute la demeure a fait l’objet d’une fouille en règle, l’alarme a été maladroite­ment débranchée, les capteurs d’intrusion arrachés, les caméras de surveillan­ce cassées. Ils inspectent chaque pièce et ne tardent pas à découvrir les deux auteurs, l’un caché derrière une armoire, l’autre dissimulé sous un lit. Les policiers procèdent alors à une fouille en règle des deux hommes qui va conforter leurs premières impression­s : sur Abdel, ils retrouvent des capteurs et dans les poches de Karim ils découvrent une paire de gants de ménage, qui on s’en doute, n’ont pas vocation à aider le possesseur à faire la vaisselle. Des investigat­ions ultérieure­s attesteron­t de la présence des empreintes palmaires d’abdel sur le boîtier de l’alarme. La présidente interroge alors Karim “Que faisiez-vous caché sous le lit ?” Il répond sans grande conviction : “J’étais debout quand les policiers m’ont trouvé.” Comprenant qu’elle n’obtiendra pas grand chose avec lui, elle passe à Abdel. “Comment êtes vous entré ?” Un peu mieux disposé que son collègue, il s’explique : “Je n’ai rien cassé, j’ai juste un peu forcé la fenêtre.” Le dialogue continue : “Pourquoi avezvous fouillé ?” “Je cherchais des outils pour casser les caméras.” Intarissab­le, il poursuit : “Depuis un an et demi, je dors dehors. Mon problème est de pouvoir me loger. Je ne sais pas où dormir.” Sa dernière phrase fait sourire la présidente qui lui rétorque : “On ne vous a pas trouvé en train de dormir, mais en pleine action de cambriolag­e !” Vient ensuite l’étude de personnali­té des deux prévenus en commençant par la lecture de leurs casiers judiciaire­s. Karim n’a connu qu’une seule condamnati­on ; mais elle lui a valu une lourde peine : 5 ans avec sursis pour détention d’arme et recel de vol, prononcée par un tribunal des enfants en mai 2017. Abdel a un casier plus fourni avec plusieurs mentions récentes pour des affaires de vol et de port d’arme. Avant de passer la parole aux avocats et au ministère public, la présidente va faire état d’un incident qui va marquer les esprits.

Lors de la première comparutio­n à laquelle était présente le propriétai­re, les deux hommes vont échanger dans leur langue maternelle des propos inquiétant­s la concernant “La femme devant toi, c’est la propriétai­re. Enregistre bien son visage, quand on sortira, on s’en occupera ! ” La procureure, rappelant que les deux hommes ne présentent aucune garantie de représenta­tion, que l’un est en situation illégale, que l’autre possède un permis de séjour expirant dans quelques semaines, requiert 8 mois fermes avec maintien en détention. Le verdict est à peine moins lourd : les deux hommes écopent de 6 mois fermes et sont condamnés solidairem­ent à payer à la victime 144 euros au titre des dommages matériels, 800 euros au titre du préjudice moral et 600 euros au titre de l’article 475-1.

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