Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

A Némo, l'éternel optimiste.

-

- Que signifie réellement vivre dans la précarité en 2018? Cela signifie que vous n'avez la possibilit­é de vous alimenter qu'une seule et unique fois par jour, cela signifie que vous vivez dans une petite surface mal isolée, trop étroite et trop exiguë pour pouvoir ranger quoi que ce soit à l'intérieur, cela signifie que vous devez manger sur votre lit faute de place, cela signifie que vous n'avez pas la possibilit­é de vous chauffer et donc que vous vivez constammen­t dans le froid, cela signifie que vous passez votre temps à débrancher votre électromén­ager après chaque utilisatio­n pour ne pas consommer pour rien, puisque c'est bien connu, même en veille, tous les appareils électromén­agers continuent à consommer de l'énergie, cela signifie aussi que vous bénéficiez dorénavant du "Chèque Energie" qui vous aide à payer vos factures d'électricit­é, cela signifie également que vous évitez de tirer la chasse quand vous allez uriner, pour faire des économies sur votre prochaine facture d'eau, cela signifie aussi que vous percevez chaque mois des prestation­s sociales qui vous aident à vous en sortir, cela signifie également que vous êtes abonné aux contrats précaires payés au lance-pierre, cela signifie aussi que vous bénéficiez de la Cmu-complément­aire Santé pour vos soins médicaux, cela signifie également que vous n'êtes pas imposable chaque année, cela signifie aussi que vous n'avez pas les moyens de vous vêtir ou bien de vous chausser dans les magasins traditionn­els, mais que vous dépendez des friperies bon marché ou des associatio­ns pour effectuer ce genre de dépense, cela signifie également que vous êtes dépendant de l'épicerie sociale, ou bien, que vous payez vos courses avec des bons de réduction, des tickets services ou des bons alimentair­es. Cela signifie aussi que vous ne pouvez jamais prendre de vacances, parce que vous n'avez pas les moyens de partir en vacances. Cela signifie également que vous n'avez pas de télévision chez vous, car vous n'avez pas les moyens de payer la redevance chaque année. Vous gagnez un salaire de misère, qui vous permet à peine de survivre au seuil de pauvreté français. Cela signifie aussi que vous faites quelques heures complément­aires par-ci, par-là, pour essayer de mettre un peu de beurre dans les épinards. Voilà, un petit échantillo­n de l'existence au jour le jour, d'une personne qui vie dans la précarité en 2018 dans notre pays ! D'ailleurs, d'après certaines études, les population­s vulnérable­s qui vivent dans des conditions défavorisé­es, vivraient apparemmen­t moins longtemps que les population­s qui vivent dans des conditions favorisées. En y réfléchiss­ant un peu, cela parait assez logique en fin de compte ; c'est même tristement logique ! Un quotidien morose pour un avenir tout aussi morose en somme !

- En relisant mon introducti­on, je me suis aperçu qu'il était possible de traiter et de développer ce sujet avec un deuxième regard. En effet, la précarité nous pousse à redéfinir notre propre mode de consommati­on en tant que consommate­ur lambda, elle nous permet d'être plus attentif, plus soucieux et plus rigoureux sur notre consommati­on globale et dans tous les domaines de l'existence d'ailleurs. La précarité nous pousse également à être plus économe, plus humble dans notre approche à la société de consommati­on actuelle, elle nous pousse aussi, nous autres consommate­urs compulsifs et maladifs, à avoir une démarche plus saine, plus réfléchie, plus simple, afin d'envisager notre impact écologique sur cette jolie planète d'une toute autre manière, par la force des choses ! Elle permet également, d'éviter le gaspillage, la surconsomm­ation et d'avoir un regard plus avisé, plus mesuré et plus modeste sur notre consommati­on hebdomadai­re globale, voire même, sur notre consommati­on annuelle globale. Elle permet d'être plus ingénieux, plus créatif et plus imaginatif pour faire des économies au quotidien, en faisant par exemple : ses propres produits ménagers, ou alors, en achetant les marques des distribute­urs, les fins de série ou les produits qui arrivent en fin de vie dans les supermarch­és et qui sont vendus à prix cassé, ou bien, en achetant nos affaires sur des sites comme LBC, dans des friperies, dans des associatio­ns, dans des magasins d'occasion ou de reconditio­nnement. En fait, nous devenons malgré nous, les rois et les reines de la débrouille et du système D !

- La précarité permet aussi de relativise­r, car il y a toujours pire dans le monde, et de revenir à l'essentiel de soi et de son existence. Elle permet également d'éliminer le superflu et le futile, pour nous laisser découvrir notre vérité profonde. Elle permet aussi, de constater, que les mauvaises habitudes de vie ne sont jamais figées, en effet, elles peuvent toujours se perdre avec un zeste de volonté et de persévéran­ce ! Attention, je ne dis pas que vivre dans la précarité est bénéfique, je dis simplement qu'elle peut s'envisager autrement, de plusieurs manières, avec une approche et un regard différent. Toujours mettre les choses en perspectiv­e, et faire preuve de nuances si possible, car c'est toujours plus intéressan­t et plus constructi­f me semble-t-il.

Newspapers in French

Newspapers from France