Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
L'urgence : «construire un nouvel hôpital»
Entretien avec le docteur Pierre Mardegan...
Le médecin rappelle que l'hôpital est « malade » en expliquant, entres autres, que de nombreux services spécialisés ne sont pas climatisés avec des températures dans les chambres pouvant atteindre 35 degrés...
Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France s’était exprimé dans les médias la semaine dernière, suite aux nombreux départements placés en vigilance orange. « On est déjà à flux tendu. Ce qui se passe là, avec les afflux supplémentaires dus à la canicule, ça aggrave une situation déjà compliquée de travail dans les hôpitaux. » Lors de notre rencontre avec le docteur Pierre Mardegan à l’hôpital de Montauban, responsable des « urgences » en Tarn-etgaronne, notre première question portait sur l’impact dans ses services : la suractivité dans les services des urgences est une réalité et ce n’est pas propre à l’été. Nous, cela fait maintenant deux ans que l’on constate qu’il y a une augmentation sans une phase plateau ou relâche. Auparavant, nous avions une baisse d’activité l’été de 3 à 4 % liée aux départs en vacances. Mais cette année nous avons une augmentation de 4 % hors crise canicule et vous le retrouvez dans l’ensemble des services d’urgence de notre région d’occitanie et sur l’ensemble du territoire. Cette augmentation est due au vieillissement de la population, ce que l’on nomme le quatrième âge, et qui nécessite de nombreux soins… Alors, que même après les épidémies d’hiver nous avions toujours autant d’activité et de personnes âgées hospitalisées. »
Concernant l’effet canicule, l’urgentiste précise que les délais d’apparition des signes…
…se situent entre deux et huit jours, alors que le service commence à prendre en charge, depuis mardi, des personnes âgées qui se déshydratent. Madame Bargassies, cadre supérieur de santé, confirme que les leçons de 2003 ont été suivies d’effet avec des mesures spécifiques et un plan hôpital : « nous avons une marche à suivre, un protocole, quel que soit la crise sanitaire que nous pouvons connaitre devant l’afflux massif de patients. En 12 heures, on est opérationnel sur une dizaine de lits supplémentaires. On peut mettre en place du rappel de personnel. » Quant à Michèle Donczyk, cadre de santé, elle se remémore une période hivernale particulièrement difficile : « je me souviens d’un nombre important de patients dans le couloir allongés sur des brancards et c’était très compliqué à gérer… » Le patron des urgences poursuit : «c’est vrai que nous sommes face à une suractivité, mais c’est multifactoriel avec le vieillissement de la population, l’organisation des hôpitaux, la désertification médicale. Ce dont l’hôpital a besoin, aujourd’hui, ce sont des lits d’hospitalisation de médecine polyvalente. Lorsque l’on est débordé au niveau des urgences, c’est par un manque de lits avec des patients qui attendent des heures sur un brancard dans lescouloirs. »
Au sujet de l’hôpital de Montauban…,
…le médecin rappelle que celui-ci est « malade » en expliquant, entres autres, que de nombreux services spécialisés ne sont pas climatisés avec des températures dans les chambres pouvant atteindre 35 degrés… Et de poursuivre : "l’urgence de l’urgence c’est la construction d’un hôpital qui soit en capacité de faire face aux besoins de santé, dans les meilleures conditions, de la population montalbanaise et du territoire… Il faut savoir, également, que le service des urgences qui était calibré à la réception de 20000 patients est passé à 40000… On accueille 115 à 130 personnes par jour… Si l’on ne refait pas cet hôpital, il n’y aura plus d’hôpital." Pour la construction d’un établissement hospitalier, de nombreuses étapes sont à franchir. En juin 2016, un dossier « médical et territoire » avait été déposé, puis les instances hospitalières étaient consultées, jusqu’à l’avis favorable de L’ARS. Dans un deuxième temps l’aspect technique est abordé pour un projet estimé entre 200 à 220 millions d’euros. Actuellement, le Tarn-et-garonne se situe dans cette étape sans problèmes particuliers.
Au mois de novembre : présentation du projet financier…
…à la commission nationale d’investissement. Donc, malgré certaines rumeurs, pour l’instant le dossier ne semble pas en retard. Par contre, il faut tenir compte que plusieurs candidats sont en lice en Occitanie. Pierre Mardegan précise : « actuellement, le seul projet soutenu par L’ARS Occitanie est celui de Montauban. C’est important. Nous avons un projet médical écrit et le terrain de Bressols est préempté… Il faudra compter un temps de délai obligatoire de 18 mois avec une annonce positive de l’etat… Je pense qu’à partir d’un accord de financement, l’hôpital pourrait voir le jour en 2023 en sachant que nous travaillons sur ce projet depuis 2014.» Pour conclure, des travaux au service des urgences sont prévus dès le mois prochain accompagnés d’un financement ARS de 500 0000 euros.
Nous sommes face à une suractivité, mais c’est multifactoriel…"