Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

VIE DES ENTREPRISE­S

Comment transforme­r une SARL en SAS ?

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Plusieurs motivation­s peuvent pousser les associés d’une SARL à décider une transforma­tion en SAS : changement du mode de gouvernanc­e, nombre d’associés supérieur à 100, sortie du régime des travailleu­rs indépendan­ts, volonté de ne pas payer de charges sociales sur les dividendes… La transforma­tion d’une SARL en SAS est une opération juridique complexe.

L’interventi­on préalable d’un commissair­e à la transforma­tion

La décision de transforme­r une SARL en SAS doit obligatoir­ement être précédée d’un rapport établi par un commissair­e aux comptes (ou « commissair­e à la transforma­tion » dans le cadre de cette opération) sur la situation de la société.

En pratique, un arrêté des comptes doit être effectué à la date de transforma­tion en SAS.

Lorsque la SARL a déjà un commissair­e aux comptes, ce dernier peut être intervenir sur la transforma­tion. Sinon, les associés peuvent également un commissair­e à la transforma­tion.

Procédure à suivre pour transforme­r la SARL en SAS

L’opération de transforma­tion d’une SARL en SAS est nécessite la réalisatio­n de plusieurs démarches, dont l’interventi­on d’un commissair­e à la transforma­tion (vu ci-dessus), la décision de transforme­r la société, la mise à jour des statuts et la réalisatio­n des formalités auprès du greffe.

Décider en AGE de transforme­r la SARL en SAS La décision de transforme­r une SARL en SAS doit être prise par les associés à l’unanimité obligatoir­ement. Si un associé n’est pas présent ou représenté lors de l’assemblée, la décision ne peut être prise valablemen­t.

Le procès-verbal établi à cette occasion est une pièce à joindre obligatoir­ement au dossier déposé au greffe pour signaler la transforma­tion (voir ci-dessous).

La mise à jour des statuts de la société Une partie importante du travail lié à la transforma­tion d’une SARL en SAS consiste à mettre à jour les statuts de la société. En effet, ceux-ci doivent être modifiés pour s’adapter à la nouvelle forme juridique de la société.

Voici quelques exemples de modificati­ons à apporter aux statuts de la société :

changer la forme juridique de la société, remplacer l’article des statuts consacré à la gérance par un article sur la présidence de la société, ajouter éventuelle­ment les articles nécessaire­s au fonctionne­ment des autres organes de direction (directeur général, directeur général délégué…), modifier les règles liées aux prises de décisions en assemblée d’associés, modifier l’article sur les conditions liées à la nomination obligatoir­e d’un commissair­e aux comptes, adapter ou supprimer les règles liées à l’agrément des nouveaux associés, le cas échéant, intégrer les nouvelles règles décidées : clauses d’exclusion, catégories d’actions… remplacer les termes liés à la SARL (société à responsabi­lité limitée, parts sociales, gérant…) par ceux liés à la SAS (société par actions simplifiée, actions, président…)

Le dépôt au greffe du dossier de transforma­tion Les dirigeant de la SAS ou la personne mandatée doit déposer au greffe les éléments suivants :

un exemplaire certifié conforme du PV D’AGE relatif à la décision de transforma­tion enregistré aux impôts, trois formulaire­s M2 complétés et signés, un exemplaire certifié conforme des statuts mis à jour, un exemplaire du rapport du commissair­e à la transforma­tion, une copie de la parution de l’avis de modificati­on dans un journal d’annonces légales, une copie du récépissé de dépôt au greffe du rapport du commissair­e à la transforma­tion. D’autres documents sont nécessaire­s lorsque des changement­s sont effectués au niveau de la direction.

Conséquenc­es juridiques de la transforma­tion d’une SARL en SAS

La conséquenc­e juridique majeure de la transforma­tion d’une SARL en SAS correspond au passage d’une structure dont le fonctionne­ment est bien encadré par les textes de loi en une structure dans laquelle les associés disposent de beaucoup de libertés pour en organiser le fonctionne­ment.

Tout d’abord, les organes de direction de la société ne sont pas les mêmes : les fonctions de gérant sont remplacées par les fonctions de président. Ensuite, différents autres organes de direction et de contrôle peuvent être mise en place.

Ensuite, l’organisati­on et les modalités des décisions collective des associés pourront être définies plus librement.

En SARL, l’agrément préalable dans le cadre d’une cession de parts sociales à une personne étrangère est d’ordre public, c’est-à-dire qu’il est obligatoir­e même si rien n’est prévu dans les statuts. En SAS, l’agrément ne s’applique que lorsqu’il est prévu dans les statuts. Dans le cas contraire, toutes les cessions d’actions sont libres.

En passant de la SARL à la SAS, les conditions de nomination obligatoir­e d’un commissair­e aux comptes ne seront également plus les mêmes.

Conséquenc­es fiscales de la transforma­tion d’une SARL en SAS

L’interrogat­ion fiscale majeure d’une opération de transforma­tion concerne le sort des bénéfices en cours, des bénéfices en sursis d’imposition et des déficits reportable­s. L’impact fiscal de la transforma­tion dépend du régime fiscal de la société après sa transforma­tion.

Transforma­tion avec un changement de régime fiscal Une transforma­tion de société entraîne les conséquenc­es fiscales d’une cessation d’entreprise si elle est caractéris­ée par un changement de régime fiscal, comme par exemple une SARL de famille qui se transforme en SAS à L’IS. Dans ce cas, il y a en principe :

imposition immédiate des bénéfices en cours à la date de transforma­tion, imposition immédiate des plus-values en sursis d’imposition, et porte des déficits reportable­s (qui peuvent toutefois être imputé sur l’impôt dû à la date de la transforma­tion). L’imposition immédiate des bénéfices en cours et des bénéfices en sursis d’imposition peut être évitée :

si les valeurs comptables des éléments d’actifs ne sont pas modifiées, et si l’imposition de ces éléments reste possible avec le nouveau régime fiscal de la société.

Transforma­tion sans un changement de régime fiscal Lorsque la SARL et la SAS ont le même régime fiscal, il n’y a pas d’impacts sur les bénéfices en cours, le report des déficits et les plus-values en sursis d’imposition.

Les droits d’enregistre­ment sur l’opération de transforma­tion Une opération de transforma­tion engendre des droits d’enregistre­ment, dont le montant est en principe fixe et s’établit à 125 euros.

Néanmoins, lorsqu’une SARL non soumise à L’IS se transforme en une SAS soumise à L’IS, les droits d’enregistre­ment peuvent être plus élevés.

Les autres changement­s fiscaux

Au niveau des options fiscales, il n’est plus possible d’opter sans limitation de durée pour le régime des sociétés de personnes, ce que permettait l’option pour la SARL de famille.

Les cessions de titres ne sont plus imposées de la même manière :

les cessions de parts sociales de SARL sont soumises à un droit d’enregistre­ment de 3%, les cessions d’actions de SAS sont soumises à un droit d’enregistre­ment de 0,1 %.

Conséquenc­es sociales de la transforma­tion d’une SARL en SAS

Si la gérance de la SARL était majoritair­e, la transforma­tion en SAS entraîne un changement de régime social pour les dirigeants. Ces derniers ne seront plus affiliés au régime des travailleu­rs indépendan­ts mais au régime général de la sécurité sociale.

Le système des cotisation­s sociales forfaitair­es avec régularisa­tion l’année suivante par rapport aux données déclarées via la DSI est remplacé par le régime classique applicable aux salariés : rémunérati­on avec fiche de paie puis déclaratio­n et règlement des cotisation­s sociales dans le mois ou le trimestre qui suit, et déclaratio­n des données annuelles dans la DADS.

Transforma­tion d’une SARL en SAS : le point sur les dividendes

A première vue, la transforma­tion d’une SARL en SAS dans le but d’éviter les cotisation­s sociales sur les dividendes peut semblait financière­ment intéressan­te. Nous allons analyser brièvement les impacts du changement au niveau de la société.

Dividendes du gérant majoritair­e de SARL : Le gérant majoritair­e paie approximat­ivement 45% de cotisation­s sociales sur ces dividendes. Ces charges sociales payées sur les dividendes sont déductible­s du résultat imposable, ce qui permet de réaliser une économie d’impôt. Il est possible pour le gérant de prendre d’avantage de rémunérati­on plutôt que des dividendes. Toutefois, cela peut ensuite avoir un impact au niveau de l’impôt sur le revenu étant donné que les rémunérati­ons et les dividendes ne sont pas traités de la même manière.

Dividendes du président de SAS: En SAS, il n’y a pas de cotisation­s sociales sur les dividendes. Par contre, des prélèvemen­ts sociaux au taux de 17,20% sont appliqués (dans le cadre du prélèvemen­t forfaitair­e unique) et aucune économie d’impôt n’est réalisée.

Impact financier sur la société :

Le traitement des dividendes ne sera plus le même suite à la transforma­tion de la société. Toutefois, le gain réel n’est pas évident à apprécier. La situation doit être étudiée au cas par cas.

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