Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Le marché hebdomadaire
Comme chaque mi-septembre, c’est par le petit pont de bois que ménagères se rendirent sur le marché, nombre d’entre elles nullement perturbées alors que d’autres, paupières encore en mode « veilleuses », marmonnaient imperturbables comme une évidente aigreur à devoir modifier une habitude ancrée depuis des lustres. Nous avons interpellé Janine, parmi les plus fidèles qui soient car montacutaine de souche, d’une humeur quelque peu explosive, nous faisant part du fait qu’il fut inadmissible d’en arriver là. « Il n’y a pas de raison pour que le marché soit déplacé ! Il doit rester place Mercadiel, un point c’est tout ! » Insistant encore plus amèrement « Votre Foire, faites là où vous voulez, mais ce n’est pas à nous personnes âgées, d’en supporter les conséquences !» Que répondre à cette Dame un peu «survoltée» de bon matin, sinon insister pour lui signifier que les incidences sont moindres et que bien rares sont celles et ceux, aigris en la circonstance. Rien n’y fit, la dame subitement, effleurant volontairement de sa canne une traverse du pont tout en marmonnant «et puis je n’ai pas le temps de discuter avec vous, laissez moi passer !». Décidément, notre petit pont de bois à nous a bien moins de succès que celui de F. Cabrel, aussi il me sembla inconvenant d’insister, alors je pris congé, regardant cette dame s’éloigner nonchalamment, silhouette quelque peu voutée le pas mal assuré, et aussi me disje intérieurement «Mais n’a t’elle pas raison en fin de compte ?». Il régnait sur le marché que je rejoignais pensif encore, une ambiance très conviviale, loin d’être feutrée s’il en est, l’audience me paraissant des plus animées pour une mi-septembre. En réfléchissant quelque peu suite à ma rencontre matinale, je me dis en fin de compte que « Jamais nécessité n’a fait de bon marché» alors après tout…