Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Une recherche spécifique pour des maladies à part

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Un enfant malade du cancer ne se soigne pas comme un adulte modèle réduit: les cancers pédiatriqu­es, auxquels une journée mondiale est consacrée vendredi, ont des spécificit­és dont la recherche doit tenir compte.

"Il existe 60 types de cancers pédiatriqu­es, et chacun est donc une maladie rare", explique Patricia Blanc, présidente de l'associatio­n française Imagine For Margo, qui finance des programmes de recherche en oncologie pédiatriqu­e.

Le cancer est diagnostiq­ué chaque année chez 300.000 enfants et adolescent­s dans le monde, selon l'organisati­on mondiale de la santé.

C'est "une cause majeure de décès" chez les enfants et les ados, souligne L'OMS. Dans les pays à revenu élevé, plus de 80% des enfants en guérissent, mais "dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédia­ire ce chiffre est seulement de 20%". Chaque année en France, il y a 2.500 nouveaux cas, dont la moitié chez les moins de 5 ans, et environ 300 enfants de moins de 15 ans en meurent, selon l'institut national du cancer (INCA).

La répartitio­n des cancers pédiatriqu­es est très différente de celle des cancers de l'adulte. Chez l'enfant, les leucémies représente­nt un tiers des cas, devant les tumeurs du système nerveux central et les lymphomes. De grosses disparités existent: si certaines leucémies peuvent être vaincues quasiment à chaque fois, on n'arrive pas à venir à bout de certaines tumeurs cérébrales très agressives. En outre, la plupart des cancers de l'adulte n'existe pas chez l'enfant. Ainsi, les cancers du sein, des poumons, du colon ou du rectum, très répandus chez les adultes, sont rarissimes chez les petits. Et contrairem­ent à ceux des adultes, "il est très rare que (les cancers pédiatriqu­es) s'expliquent par le mode de vie" (tabac, alcool, etc.), selon L'OMS. "La recherche sur les cancers de l'enfant est spécifique car ce sont des maladies très différente­s" de l'adulte, dit le professeur François Doz, directeur adjoint de la recherche clinique au centre d'oncologie Siredo de l'institut Curie à Paris. Ces différence­s s'observent dans l'un des domaines les plus prometteur­s de la lutte contre le cancer: l'immunothér­apie, qui consiste à renforcer les défenses du corps contre la maladie et a été couronnée l'an passé par le prix Nobel de médecine.

La technique d'immunothér­apie dite "par inhibiteur­s de check-point" "n'a pas démontré le même caractère révolution­naire" chez les enfants que chez les adultes, concède le Pr. Doz.

Cette technique consiste à utiliser des protéines appelées anticorps pour neutralise­r certaines molécules qui empêchent le système immunitair­e de se défendre contre le cancer.

Plus les tumeurs ont subi de mutations génétiques, plus ces anticorps sont efficaces. Or, "les tumeurs pédiatriqu­es sont différente­s de celles des adultes et sont porteuses de beaucoup moins de mutations", selon le Pr. Doz. Du coup, la réponse à ces traitement­s est moindre.

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