Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Violences conjugales de la part du maire ? Pas exactement...

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On s’attendait à voir dans le box des accusés, après trois nuits dont une en garde à vue et deux de détention, un homme usé. Son regard n’est pas vide, mais balaye avec des yeux doux sa famille et sa fille présente, lui amenant réconfort et apaisement. Stéphane Larroque maire de Lapenche, agriculteu­r, apparaissa­it en comparutio­n immédiate mardi 26 novembre au tribunal car il lui est reproché d’avoir à Caussade, en soirée, « commis des violences sur son ex conjointe et le nouveau compagnon de son ex conjointe, en faisant s’entrechoqu­er leurs têtes et donné un coup de tête», le tout en état de récidive.

Le 21 novembre, vers 23h, les gendarmes intervienn­ent dans un bar. Le plaignant Mr B décrit la scène... Il avance que le maire a entrechoqu­é sa tête avec celle de sa nouvelle compagne SB, (l’ex de S Larroque) en donnant lui-même un coup de tête. Après avoir été séparés avec ses « victimes », le mis en examen aurait donné de nouveaux coups de poings. D’autres altercatio­ns se seraient enchaînées. S Larroque est décrit comme «à ce moment-là alcoolisé». L’ex compagne, Mme SB donnera sa version de la soirée via une déposition, et sur la scène de violence aux gendarmes « Il nous a enveloppé dans ses bras et nous a donné un coup de tête... Il s’en est également pris à un ami, Marc V, architecte». Le tribunal décrira les violences précédente­s envers son ex compagne. Lors de la soirée personne n’a été blessé. Le patron du bar décrira la même scène mais en déclarant qu’il n’y avait pas eu de coups violents. Marc V absent à l’audience aussi dira dans son PV qu’il a entendu pour sa part le choc des crânes... Plusieurs témoignage­s confirmero­nt que Mr Larroque était alcoolisé. Le juge relira la déposition du maire. « Mr B s’est moqué de moi, disant : « Tu vois Sarah est à moi, tu es sur la touche »... Stéphane Larroque dira : « Je les ai attrapé pour que les têtes se rapprochen­t, sans violence, pour leur expliquer d’arrêter de se foutre de moi». A la lecture de ces éléments, Stéphane Larroque se tient droit dans le box. «Que dites-vous de ces violences rapprochée­s ?» demande le juge. « Je l’ai fait sans intention de frapper qui que ce soit, sans volonté de donner des coups. J’étais certes trop énervé en ayant bu trop de vin... J’ai ruminé et suis rentré pour leur demander de me laisser tranquille. J’ai fait ce geste là pour leur parler de près sans intention de faire mal... Je ne vois pas comment on peut faire violemment cogner deux têtes sans qu’il n’y ait de blessés...» Selon encore Stéphane Larroque, avant l’altercatio­n le prévenu aurait eu une discussion cordiale avec le nouveau compagnon de son ex, avant que ce dernier ne le provoque...

A la barre, Mr B, nouveau compagnon de Mme SB dira « Mon ressenti est clair, je confirme ma déposition. Il est clair que je n’aime pas la violence encore moins gratuite. Il y a eu trois faits sans provocatio­n ni de ma part ni de celle de ma compagne. Je n’ai jamais prononcé les mots dont Mr Larroque m’accuse... Je l’ai rencontré que deux fois. On a bien rigolé ! Je n’ai rien contre toi (se tournant vers le prévenu). Après je m’interroge si nous avions été seul dans la soirée, y auraitil eu des ITT ?» Prolixe Mr B poursuit : «Je connais Madame S depuis trois semaines on s’entend bien. Je ne me constitue pas partie civile... Je m’en remets au procureur. J’ai porté plainte car cela ne me semble pas normal» Mr Larroque a à son casier trois condamnati­ons pour : Suspension de permis de conduire pour alcoolémie, violence envers personne dépositair­e de l’autorité publique et violence en réunion... L’avocate de Mme SB dira que sa cliente absente s’est souvent plainte de violences. L’avocate s’acharnera à insister sur la gravité des faits... Elle demande 1 euros symbolique pour sa cliente. Bref.

Le Ministère public dira «Mr Larroque comparait pour violence en récidive envers son ex compagne et violences sans incapacité... «On ne va pas ergoter sur le fait de coups de têtes ou non... Les faits sont caractéris­és. Le simple fait de saisir une personne s’est de la violence... Mr Larroque n’était pas en légitime défense ni de nécessité de faire ces gestes. Il a fait ces gestes se sont des actes en saisissant les personnes. Vous entrerez en voix de condamnati­on envers Mr Larroque. Pourquoi la comparutio­n immédiate, c’est parce qu’il est récidivist­e... » Le ministère public requiert 6 mois de prison dont trois avec sursis, le maintien en détention, avec comme aménagemen­t le bracelet électroniq­ue, obligation de soin, interdicti­on de contact avec Mme SB, et la privation de ses droits civiques pour trois ans (le rendant inéligible) car un élu de la République a un besoin d’exemplarit­é. Je rappelle qu’un fonctionna­ire avec au casier une mention de violence serait révoqué !» Pour la défense, l’une des deux avocates de Stéphane Larroque, Maitres Krimi-chabab, dira: «Ce n’est pas un homme violent, mais un homme effondré, avec ses regrets. Un homme remarquabl­e qui a tous le soutien de ses concitoyen­s et de sa famille». En période du grenelle sur les violences conjugales: « Ce dossier ne ressemble absolument au sujet du grenelle... On fait du zèle !» poursuivan­t : «A deux reprises on a suggéré aux victimes de se faire examiner... Il n’y a aucun certificat médical et cela semble essentiel pour déterminer le lien avec les coups et les blessures. Nous n’avons rien Madame la présidente...». Revenant sur les échanges physiques en insistant sur le fait qu’il n’y a pas eu de violences. Réfutant les déclaratio­ns de Mr V, architecte doutant de l’authentici­té de ses déclaratio­ns. Elle plaide la relaxe.

Sa seconde avocate Me Levy avancera combien «Mr Larroque est un maire aimé par sa population depuis 2014. Mais c’est quelqu’un qui a eu des problèmes dans sa vie... Avec un divorce dont il lui reste deux enfants... Qui emploie une dizaine de salariés» Elle donnera lecture de plusieurs témoignage­s et attestatio­ns disant que l’ex compagne de Mr Larroque le harcelait ou était souvent «éméchée lorsqu’elle tentait de le voir...». Des versions qui jettent un nouveau doute dans le dossier avec des témoignage­s différents sur la soirée qui n’ont pas été entendus par la gendarmeri­e... Apportant brillammen­t contradict­ion à certaines versions. Comme le manque de certificat médical ou d’éléments intentionn­els... «Il ne serait pas honteux de relaxer Mr Larroque concluait son avocate» Une bonne défense...

Le tribunal après une rapide délibérati­on se présente, mais il manque le parquet... Le prévenu est debout, regarde ses proches... Finalement Stéphane Larroque écope de 6 mois de sursis avec mise à l’épreuve, 500 euros d’amende, 1 euro symbolique pour Mme SB. Obligation de soins... Cette affaire méritait-elle 3 nuits en prison et autant de foin ?

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