Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Une réforme dans les formes
Il y a ce proverbe chinois, usé jusqu’à la corde, qui dit que quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt. C’est un peu la même chose pour la réforme des retraites et l’âge pivot, l’insulte en moins évidemment. Sortie de nulle part il y a un peu plus d’un mois, cette mesure a braqué tous les regards et occupé tous les débats. On a fini par ne plus voir qu’elle. Normal, elle était là pour ça. En la retirant aujourd’hui, Édouard Philippe joue la carte attendue depuis le début. Impossible de parler de surprise. Il range simplement dans sa poche le chiffon rouge qu’il agitait devant les syndicats « réformistes ». Mais au fond, il ne lâche rien. Sauf sur quelques éléments de langage
Alors, le retrait attendu de l’âge pivot du projet de loi sur les retraites entraînera-til une reprise rapide du travail et l’adoption, dans des délais raisonnables, d’une des réformes les plus emblématiques du quinquennat Macron? Rien n’est moins sûr, face à des convergences d’oppositions syndicales et politiques parfois inédites, et des séries de négociations et débats politiques à venir qui tissent la trame d’un psychodrame sans fin.
Entre la satisfaction mesurée du cédétiste Laurent Berger et le rejet réitéré de l’ensemble de la réforme par la CGT de Philippe Martinez et FO, une brèche se creuse dans le front syndical, dont l’ampleur se mesurera au degré de mobilisation des grévistes dans les prochains jours.