Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Comment les paysans s’organisent face au Covid
Si les agriculteurs ne sont pas concernés par les mesures de confinement, ils s'inquiètent cependant d'un possible manque de main-d'oeuvre et de risques de perturbations de la chaîne logistique mais surtout d’une baisse de la consommation en produits frais.
L'agriculture locale ne sera pas épargnée par la crise engendrée par le Covid-19. Impossible cependant aujourd'hui de savoir quels seront les impacts sur un secteur qui n'est pas concerné par les mesures de confinement et restrictions de circulation. Si les agriculteurs et salariés agricoles se déplacent avec les autorisations dérogatoires dûment remplies, la vie continue dans les exploitations, pour l'heure sans trop de difficulté.
«L’on trouve toutefois des situations très différentes, en fonction de la culture et de la manière de vendre. Nous avons deux gros problèmes, la récolte et la commercialisation» rapelle Jean-paul Rivière, président de la Chambre d’agriculture de Tarn-etgaronne.
«Sur la récolte de l’asperge on n’a pas trop de soucis en main d’oeuvre. Pour l’instant on arrive à couvrir mais la situation devrait se tendre dans une quinzaine de jours pour ramasser les fraises, couvrir les vergers et les plantation de melon» confirme Alain Iches, présidentde la FDSEA 82.
Dans les champs, les paysans s'arrangent pour que les gens respectent les distances. La taille est finie mais il ne faut pas prendre de retard sur l'entretien du sol.
Généralement, les agriculteurs continuent de vendre leurs produits à la ferme mais les gens ne sortent pas. Jeanpaul Rivière espère une amélioration rapide de la situation sanitaire : «Les ventes baissent inévitablement. Une personne qui faisait des kilomètres pour venir à la ferme ou bien s’approvisionnait auprès d’un maraîcher qui livrait sur son lieu de travail, aujourd’hui elle va se servir près de chez elle. Les circuits courts traditionnels ne fonctionnent pas très bien».
UNE ACTIVITÉ RALENTIE
Du côté des expéditions, l’activité s’est ralentie et ils doivent faire face à des annulations de commandes avec des problèmes de transport et un manque de chauffeurs.
La collecte de lait est assurée à date. Les usines tournent normalement avec, il est vrai, des chaines de production de plus en plus automatisées. Mais l’usine Sodiaal de Montauban a vu ses ventes en beurre et poudre de lait vers la Chine réduite à peau de chagrin. Heureusement, le lait de vache se stocke, il n’en va pas de même pour le lait de chèvre: «C’est actuellement l’une de nos principales inquiétudes. Les laiteries Serre à Gensac et la fromagerie Le Pic dans le Tarn ont fermé. Elles vendaient auprès des restaurants locaux et elles ont vu leur marché disparaitre. Il faut que l’on trouve une solution pour les producteurs» constate Jean-paul Rivière «c’est pareil pour les chevraux avec les marchés italiens et espagnols qui se sont fermés. Ça désorganise la production».
LA SITUATION EST DONC FRAGILE
Il en va de même avec les veaux qui partent habituellement en Italie. Heureusement, nous ne sommes pas au pic des ventes qui se situe en automne. Mais si l'inséminateur ne devait plus venir pendant trois semaines, c'est dans dix à douze mois que la France connaîtrait une baisse de la production de viande.
Le printemps est aussi un moment important pour les maraîchers, notamment en fraise. On est dans les semis, les plantations en permanence, pour avoir de la marchandise toute l'année. Dans le département, l’urgence à venir concerne la plantation de melons et, début mai, la récolte des cerises même si pour cette dernière, nous avons des vergers familiaux avec peu de traitements.
Toutefois, la suppression des marchés ne fait que renforcer les inquiétudes pour écouler cette marchandise.
Il en va de même pour ceux qui livrent les restaurants et qui ont déjà perdu une grosse partie de leur chiffre d'affaires : «On a besoin de vendre notre production aux particuliers. Les grands surfaces utilisent leurs plateformes d’approvisionnement et achètent peu local, heureusement que les épiceries de village jouent le jeu» regrette Alain Iches «Cette année, la saison de l’agneau pascal est très mal engagée».
Il est sûr que tout ceci aura un impact. Quoi qu’il en soit il faut anticiper la demande d’après confinement et le manque de main d’oeuvre. La Chambre d’agriculture lance un appel aux personnes sans emploi, étudiants et personnes en arrêt volontaire qui veulent soutenir l'agriculture en venant travailler afin de permettre le ramassage des récoltes. Ces personnes trouveront des informations sur le site de la Chambre d’agriculture: «Si on veut des produits français en été, il faut des bras pour nous aider ».