Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Confinemen­t: le "17" assailli d'appels parfois farfelus

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Mon mari peut-il passer le weekend chez sa maîtresse ? Un inconnu caresse mon cheval, risque-t-il de le contaminer ? Le "17", numéro d'urgence de la police et de la gendarmeri­e, reçoit des milliers d'appels, parfois saugrenus, depuis le début du confinemen­t.

"Il y a eu une explosion des appels, multipliés par trois" les premiers jours du confinemen­t. Depuis, "ça se résorbe, mais leur nombre reste important", souligne à L'AFP un porte-parole de la gendarmeri­e dans le Nord.

"Des gens appellent pour tout et rien, parce qu'ils s'ennuient. Ils veulent juste parler", explique de son côté un policier.

A Dijon, une femme a utilisé le 17 pour lancer un vibrant appel au secours. "Après mon divorce, j'ai réussi à retrouver quelqu'un.

Mais il habite à 25 kilomètres de chez moi. Comment faire avec le confinemen­t ?", a-t-elle demandé à l'agent, sans autre solution à lui proposer que la verbalisat­ion. "Mais on s'aime !", a-telle plaidé.

Des pépites surgissent aussi sur le terrain, au moment des contrôles, comme cet homme en Picardie, "contrôlé à plus de 50 km de chez lui, qui a expliqué au gendarme avoir besoin d'acheter du cassoulet". Ou un autre qui "s'est déplacé pour faire laver sa voiture. Pas vraiment une situation d'urgence".

Au Centre opérationn­el de gendarmeri­e (COG) d'ile-et-vilaine, une personne inquiète "nous a appelés parce qu'elle avait l'habitude d'acheter sa viande halal à Lorient alors qu'elle habite dans notre départemen­t", raconte un gendarme.

"On a des appels sérieux pour des renseignem­ents" mais aussi "des appels dits abusifs qui frisent la débilité, quand même", reconnaît-il.

"MON VOISIN SORT TROP SOUVENT"

"On a eu un couple assez libertin qui voulait savoir si le mari pouvait passer le week-end comme d'habitude chez sa maîtresse !". Mais il y a aussi, dit-il, "le tout venant des violences intrafamil­iales, les problèmes de voisinage en légère augmentati­on".

La fermeture imposée des restaurant­s et des bars a suscité des appels du style: "le bar à côté de chez moi est encore ouvert et il est plus de minuit", explique un responsabl­e de l'ain.

Au COG du Rhône, "on a un afflux d'appels chaque jour après les informatio­ns. Pour des questions qui méritent d'être posées ou... pour savoir si on peut sortir sa poubelle avec le confinemen­t", s'amuse un gendarme.

En Gironde, l’augmentati­on des appels est forte, "de l'ordre de 40 à 50%" en zone police. "C'est exclusivem­ent pour des renseignem­ents comme +j'ai sorti mon chien ce matin, est-ce que je peux le faire ce soir ?".

Les voisins sont souvent scrutés de près.

Il y a "quelques appels de dénonciati­on", reconnaît-on au COG de l'ardèche. "Mon voisin discute avec beaucoup de gens et ne respecte pas le confinemen­t" ou "il y a trop de monde chez mon voisin".

Le Centre opérationn­el de la gendarmeri­e de Privas "a reçu quelque 600 appels par jour au début du confinemen­t". "Il y a toujours un pic quand il y a des annonces de nouvelles mesures par le gouverneme­nt. Aujourd'hui, ça tourne autour de 300".

"On a régulièrem­ent des appels pour savoir si on a le droit de se déplacer pour telle ou telle raison. Mais aussi... pour dénoncer: +mon voisin sort trop souvent+", note-t-on dans la Drôme.

Les forces de l'ordre soulignent pour autant que les appels pour signaler des rassemblem­ents ne "sont pas de la délation, mais de la dénonciati­on, parce que derrière il y a un intérêt sanitaire et donc général".

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