Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« Vous ne nous dérangez pas ! »

Face au Covid, on consulte moins son médecin

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Le message se veut clair : « Vous ne nous dérangez pas ! ». Voilà le mot d’ordre que plusieurs centaines de médecins ont choisi de relayer en signant une lettre ouverte. Cette alerte répond à la situation qu’ils observent tous : la désertion des patients, qui n’appellent plus leur médecin. « Nous sommes toutes et tous effrayés à l’idée de l’état dans lequel nous allons retrouver nos patients dans deux, trois mois ou plus », annonce le document, désormais signé par 400 médecins.

Le Conseil de l’ordre des Médecins de Tarn-et-garonne rapelle à l’ensemble des patients que leurs médecins sont disponible pour eux : «En cas de problème de santé, chacun ne doit pas hésiter à contacter par téléphone son médecin. Celui-ci proposera soit une consultati­on en cabinet.»

UNE BAISSE DE FRÉQUENTAT­ION

La majorité des médecins généralist­es et spécialist­es libéraux, y compris les radiologue­s, s’est organisée pour recevoir dans des conditions de sécurité optimale les patients dès lors que leur état le justifie. S’ils présentent des symptômes suspects de Covid-19, leur médecin les orientera au Lieux vers une prise en charge adapté.»

Depuis le début de la crise, les médecins généralist­es ont constaté une baisse de fréquentat­ion importante dans leurs cabinets or des consultati­ons trop tardives, c’est un vrai risque. Beaucoup de choses prises à temps se gèrent bien. Mais si on les laisse évoluer, ça peut devenir beaucoup plus grave.

Tous évoquent une baisse des appels. Plusieurs constatent également des cas plus graves qu’en temps normal.

Le Dr Jean-michel Sab, responsabl­e du service Urgences de la clinique du Pont de Chaume, constate bien une diminution des passages chez les médecins de ville et dans les services d’urgences: «Effectivem­ent, pour une partie de la population il y a une peur de recourir au système de santé».

Il est évident que dans certain cas cela n’a pas de conséquenc­es mais l’on ne peut pas l’assurer. Des pathologie­s pourtant bénignes donnent lieu à des complicati­ons avec au final des urgences qui ne devraient pas en être.

PEUR DU VIRUS ET DE DÉRANGER

Parmi les raisons observées: l’impression que tout est moins grave que l’épidémie. Les patients sont tellement en alerte sur les symptômes du Covid qu’ils sousestime­nt les autres, pourtant graves. Mais aussi, et surtout, la peur de la contaminat­ion.

Une peur à évacuer. La probabilit­é d’être contaminé en allant chez le médecin est nettement moins grande que celle d’avoir un problème en ne venant pas surtout que la peur n’empêche pas d’appeler.

Une autre peur apparaît clairement : celle de déranger alors que la réalité est tout autre avec un carnet de rendez-vous allégé.

Ces craintes ne viennent pas de nulle part, et les médecins s’accordent à le dire : les patients ont « trop bien » entendu les messages des débuts.

Cet effet se ressent jusqu’aux urgences. « On a l’impression qu’il y a un peu plus d’arrêts cardiaques qui nous arrivent, c’est que probableme­nt le recours au médecin en amont a été retardé», observe le Dr Jeanmichel Sab.

Il est normal que la population ne puisse pas retenir toutes les informatio­ns. Les messages d’urgence pour que la population se confine bien étaient nécessaire­s. Le constat actuel vient justement des consignes suivies. Mais désormais, il faut redresser la barre. Certaines pathologie­s qui auraient pu être soignées vont se transforme­r en morbidité si les gens ne consultent pas.

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