Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
« Il faut rouvrir tous les marchés »
Le Tarn-et-garonne tient le choc. Globalement, son agriculture et son industrie agroalimentaire ont été réactives avec la mise en place du «carreau» de Bexianis et la multiplication des drives fermiers. Elle reste donc « relativement » épargnées, même la filière horticulture, constate Jean-paul Rivière, président de la chambre d’agriculture de Tarn-et-garonne.
Néanmoins, les produits labellisés comme les AOP où l’agneau du Quercy sont boudés par les consommateurs : « Les gens font beaucoup plus attention aux dépenses, je pense que c’est lié aux craintes que l’on peut avoir sur l’avenir. On achète les produits de base. »
Le Président de la Chambre d’agriculture travaille aussi à une réouverture de l’ensemble des marchés de plein vent : « Montauban, Castel et Moissac manquent. C’est des choses que l’on ne comprend pas du moment où l’on suit les préconisations. Nous venons de faire une demande auprès de la préfecture de Région ».
Du côté du lait, après une année 2019 assez correcte, voire bonne, le tsunami de l’épidémie remet tout en question : « les usines ont ralenti les cadences de productions et elles n’arrivent pas à tout transformer », regrette Jean-paul Rivière. La logistique, l’export, la suppression de la restauration hors domicile, tout est à réorganiser pour maintenir les prix. Le pic de production du printemps tombe au plus mal.
L’interprofession (CNIEL) appelle les éleveurs laitiers à réduire volontairement leur production de 2 à 5 % en avril : ils recevront automatiquement une indemnité de 320€ par tonne non produite. Toutefois, la solution ne pourra venir que des grandes zones productrices comme la Bretagne.
Avec l’agneau, le fromage de chèvre était le deuxième point préoccupant en Tarnet-garonne. Finalement les laiteries continuent à ramasser. Pour les horticulteurs,
avec tous les magasins et jardineries fermés en plein début de printemps, on a frôlé la catastrophe. Les pépinières et jardineries font 80 % de leur chiffre d’affaires au mois d’avril et mai. Ce secteur compte dans notre département avec des producteurs importants comme Lannes et Fils à Malause. L’autorisation de vendre des plants était nécessaire, elle a permis une reprise d’activité dans ce secteur, la chambre
ayant convenu avec la préfecture d’ouvrir la vente aux particuliers.
En période de confinement, on prend le temps de cuisiner. Du coût le marché
de la volaille se porte plutôt bien, il est même excellent pour les oeufs. La volaille de chair majoritairement destinée à la restauration hors domicile a été réorientée vers la grande distribution tout comme ce fut le cas pour le lait. Pour autant, cette période festive et familiale tronquée laissera un goût amer chez les producteurs de gras qui ont vu leurs ventes baisser par rapport à l’année dernière. En ce qui concerne
l’agneau, les fêtes pascales étaient mal engagées, mais il semble qu’elles soient passées sans trop de casse malgré une baisse des prix. La grande distribution a joué le jeu en mettant en avant la production française plutôt que néo-zélandaise. C’est d’ailleurs une constante depuis le début de la crise.
Pour les légumes « Ça va plutôt bien. » Après une baisse de la consommation la première semaine, les ventes ont bien repris, boostées par l’arrivée des fraises. Les craintes sur le besoin
en main-d’oeuvre se sont atténuées pour avril et mai. Pas de tension particulière avec des saisonniers polonais qui sont finalement restés en France au moment du confinement. Après, tout dépendra du déconfinement avec des besoins en été dès le mois de juin avec le melon : « on sera attentif à l’attitude des pouvoirs publics quand il faudra faire venir de la main-d’oeuvre étrangère ».
Un déconfinement très attendu dans l’agriculture avec l’ouverture des cantines et une reprise d’activité favorable pour tout le monde.
Dans l’ensemble, les approvisionnements en produits sont suffisants, mais pour les réparations c’est une autre histoire.