Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

L’équivalent de quatre années d’accidents mortels

Combien de vies sauvées en un mois de confinemen­t…

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L’étude menée par trois chercheurs a eu un retentisse­ment national. Ils y démontrent que le confinemen­t a permis de sauver près de 62000 vies en France, dont plus de 1800 en Occitanie.

C’est la question qui tourne en boucle depuis des semaines. Est-ce que la France a eu raison de se confiner avec toutes les conséquenc­es que cela a déjà entraînées et sans compter celles à venir ? Sur le plan sanitaire, la réponse est indubitabl­ement « oui », au vu des conclusion­s de l’étude menée par trois chercheurs.

Jonathan Roux et Pascal Crépey, chercheurs en épidémiolo­gie à l’école des hautes études de la santé publique (EHESP) de Rennes, ont mené un travail inédit avec leur collègue

Clément Massonnaud (EHESP et CHU de Rouen).

« Sans le confinemen­t, nous aurions déploré le décès de 60 000 personnes entre le 19 mars et le 19 avril et nos hôpitaux auraient eu besoin de près de 100 000 lits de réanimatio­n », assure Jonathan Roux. Pour rappel, la France ne comptait que 5 000 lits de réanimatio­n avant la crise et a réussi à en mobiliser 14 000.

Notre système de santé aurait littéralem­ent implosé. « Je travaillai­s, avant l’épidémie, sur la résistance aux antibiotiq­ues et sur leur propagatio­n dans le milieu hospitalie­r. Je tente de créer des modèles, c’est-à-dire des outils mathématiq­ues qui doivent permettre de répondre à plusieurs questions. »

Le Covid étant passé par là, le postdoctor­ant réoriente ses recherches avec Pascal Crépey qui, lui-même, travaillai­t sur la modélisati­on de la grippe. « Nous avons donc décidé de travailler sur l’épidémie et plus précisémen­t sur les effets du confinemen­t. »

L’équipe modifie donc ses modèles de base. « Ça nous a pris environ un mois de travail pour créer cet outil informatiq­ue. Ensuite, nous l’avons nourri des données quotidienn­es, entre le 20 et le 28 mars, collectées par Santé publique France, par l’agence régionale de Santé et L’APHP de Paris. »

Le nombre de personnes atteintes par le coronaviru­s, le nombre de personnes hospitalis­ées, celles qui se trouvent en réanimatio­n, les décès… des milliers de données que leur outil informatiq­ue va analyser. Le logiciel est aussi évolutif et s’adapte aux nouvelles données.

Et c’est la semaine dernière que le résultat final a été publié et relayé par un grand nombre de médias. « Le confinemen­t a sans doute permis de sauver un très grand nombre de vies et éviter que le système hospitalie­r français ne s’écroule. Nous avons aussi régionalis­é nos chiffres. »

UNE CENTAINE DE VIES SAUVÉES EN TARN-ET-GARONNE

Pour l’occitanie, sans confinemen­t, les chercheurs estiment qu’il y aurait eu 2103 décès sur la période (7970 en Aquitaine et 2017 en PACA) contre 298 observés, soit 1805 vies sauvées sur notre région (-85,8 %). 904 700 personnes auraient contracté le virus soit 16,2 % de la population de la région.

Proportion­nellement, dans notre départemen­t, 80 vies ont été sauvées en un mois de confinemen­t mais, plus probableme­nt c’est sûrement plus d’une centaine de personnes qui y auraient perdu la vie.

Le Tarn-et-garonne étant le départemen­t d’occitanie ayant le mieux résisté à l’épidémie tout en étant sur les principaux axes de communicat­ion, on peut penser qu’il ait largement bénéficié du confinemen­t.

Cela a aussi permis de réduire les hospitalis­ations de 92 % avec 3010 lits occupés pendant la période étudiée contre probableme­nt 37300 sans confinemen­t.

« Nous allons continuer à utiliser son modèle pour répondre à d’autres questions que posent le déconfinem­ent, comme l’impact de la réouvertur­e des écoles… »

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L’étude menée sur la période du 19 mars au 19 avril suggère une baisse des décès de 85,8 % sur la région Occitanie. En Tarn-et-garonne, un mois de confinemen­t aurais permis de sauver l’équivalent de quatre années d’accidents mortels sur nos routes.
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