Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Les pharmaciens s’interrogent
Rencontre avec Alain Mhanna, délégué départemental de l’ordre des pharmaciens
Alain Mhanna, le délégué départemental de l’ordre des pharmaciens a bien voulu répondre à nos questions.
Alain Mhanna, le délégué départemental de l’ordre des pharmaciens a bien voulu répondre à nos questions.
Avez-vous beaucoup de demandes de masques ?
Alain Mhanna : « Nous avons beaucoup de demandes depuis le début de la crise sanitaire, ce n’est pas nouveau. Pour nous les masques sont très importants et je pense même qu’il aurait fallu masquer la population depuis très longtemps pour éviter la contamination, en complément des mesures d’éloignement et des mesures de précaution. Les pharmaciens ont respecté les mesures prioritaires pour les professionnels de santé. Nous avons joué notre rôle en respectant toutes les missions qui nous ont été confiées, nous avons assuré la traçabilité de la distribution. Dès le départ nous avons été en première ligne pour participer à la lutte.
Avez-vous également des demandes de la part des entreprises et des collectivités?
Alain Mhanna : « Oui nous avons beaucoup de demandes de la part des entreprises et des petits commerçants, pour l’instant nous n’avons pas de demande de la part des collectivités. »
Les pharmaciens ont-ils un stock suffisant ?
L’état aurait dû réquisitionner tous les stocks pour les réserver aux professionnels de santé
Alain Mhanna : « Nous n’avons pas de stock, nous avons uniquement le stock de l’état, c’est-à-dire celui qui est réservé aux professionnels de santé. On nous a donné l’autorisation de vendre des masques il ya une semaine, nos officines n’ont pas eu le temps matériel de passer les commandes. Du jour au lendemain on voit que les grandes surfaces proposent près de 500 millions de masques. On voudrait bien savoir comment ça c’est passé. Il nous semble que c’était préparé à l’avance, il faut m’expliquer comment en une semaine on peut recevoir des millions de masques. L’état aurait dû réquisitionner tous les stocks des grandes surfaces pour les réserver aux professionnels de santé. »
A combien estimez vous le délai de livraison dans les pharmacies du département?
Alain Mhanna : « Je ne peux pas vous dire car chaque pharmacie travaille de son côté, mais elles ont commencé à bouger. Pour ma part on m’a promis des masques non sanitaires, c’est-à-dire en tissus pour fin mai. »
Ces masques sont-ils vraiment protecteurs ?
Alain Mhanna : « Que ça protège à 70 ou 80 % c’est déjà une protection et c’est mieux que rien. De plus, il y a un côté psychologique, vous voyez quelqu’un qui a un masque en tissus, inconsciemment vous allez faire un peu plus attention. Mais c’est une décision que l’on aurait dû prendre bien avant. »
Pensez-vous que les prix vont être encadrés comme pour le gel hydro alcoolique?
Alain Mhanna : « On espère, la grande majorité des pharmaciens a l’intention de les vendre au prix coûtant. Nous aurions souhaités délivrer ces masques gratuitement, mais on ne nous a pas donné les moyens pour le faire. On pense que ça aurait
La grande majorité des pharmaciens a l’intention de les vendre au prix coûtant
dû être comme une ordonnance, un patient qui doit aller faire sa séance de chimio thérapie a besoin d’un masque et on a refusé de donner un masque à ces patients, ce n’est pas normal. »
On le voit, malgré toutes les annonces rassurantes de nos dirigeants, de nombreuses incohérences subsistent. La date du déconfinement progressif approche, l’obligation de porter un masque est toujours en cours de discussion au moment où nous écrivons ces lignes. Espérons qu’ils seront en nombre suffisants pour protéger nos concitoyens et, bien sur, vendus à des prix abordables pour tous.