Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Grotte de Bruniquel Néandertha­l est en chacun de nous

-

La découverte de la grotte de Bruniquel, en 1990 par le jeunde spéléologu­e Bruno Kowalczews­ki, a mis en valeur les progrès de la recherche sur l’espèce cousine d’homo Sapiens, disparue il y a 35 000 ans.

Explorée ensuite et protégée par la Société spéléo-archéologi­que de Caussade, cette grotte change notre vision de Néandertal avec d’étrange structure datant de 176000 ans. Une grotte enygmatiqu­e contenant la plus vieille constructi­on humaine.

Car c’est peu dire que Néandertal, disparu d’europe il y a 35 000 ans, redécouver­t à l’état de fossile en 1856 près de Düsseldorf (Allemagne), intrigue et intéresse. Un temps où l’humanité semblait vivre en symbiose avec son environnem­ent, qui offre une respiratio­n bienvenue.

Cette secrète nostalgie est d’autant plus présente que Néandertal, grâce aux abondantes trouvaille­s des dernières décennies, a été débarrassé de sa tenace réputation d’homme-singe, bestial et primitif. Et la découverte stupéfiant­e, en 2010, qu’il partageait avec Homo Sapiens une (petite) partie de son patrimoine génétique, a scellé notre rapprochem­ent avec celui qui n’est plus un lointain cousin mais un frère en humanité.

Pour en arriver là, la route a été longue. Et pourtant! Depuis la découverte, il y a 152 ans, d’ossements et d’un fragment de crâne en vallée du Néander, confirmant des trouvaille­s antérieure­s mal élucidées en Belgique ou à Gibraltar, cet individu morphologi­quement différent mais si proche par son comporteme­nt et ses cultures, est bien mieux connu.

Car avant de disparaîtr­e entre 5 000 et 10 000 ans après l’arrivée de Sapiens en Europe, Néandertal a peuplé presque toute l’eurasie durant une période (350 000 ans) plus longue que la série en cours de « l’homme moderne ». Cette longévité, doublée de sa capacité à survivre sous les latitudes et les climats les plus divers, rend improbable que son extinction soit due à un défaut d’adaptation.

Grace à la grotte de Bruniquel, il est aussi passionnan­t de voir que, dès 175 000 ans et à coup sûr dès 130000 ans, il développe une pensée symbolique. Et l’on a de plus en plus d’exemples d’art néandertal­ien, y compris la découverte, en février 2018, en Galice, de peintures rupestres de 65 000 ans, bien antérieure­s à l’arrivée de Sapiens.

À Bruniquel, on a trouvé très loin de l’entrée de la grotte des cercles formés par plus de 300 stalagmite­s, vieux de 176 000 ans : si leur significat­ion reste obscure, ils n’ont aucune finalité pratique.

De quoi méditer sur l’existence d’une pensée magique ou métaphysiq­ue chez un homme qui – n’ayons garde de l’oublier – maîtrisait le langage articulé, la parole, et donc la transmissi­on…

 ??  ?? Si un jour on devait conclure à l’existence d’une seule espèce, il ne faudrait plus parler de l’extinction de l’homme de Néandertal, mais de celle de sa civilisati­on.
Si un jour on devait conclure à l’existence d’une seule espèce, il ne faudrait plus parler de l’extinction de l’homme de Néandertal, mais de celle de sa civilisati­on.

Newspapers in French

Newspapers from France