Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
La voisine victime d’un déferlement de violence
Germain est un grand gaillard de 57 ans, c’est un homme à la stature imposante escorté par quatre gendarmes qui fait son entrée dans la salle d’audience où il comparaissait pour avoir frappé à plusieurs reprises une femme et son conjoint, samedi dernier à Fabas.
Germain loue une maison dans le village avec sa femme et ses enfants. Ce soir-là, les parents des amis de leurs enfants sont venus passer la soirée chez eux. Le temps passe et au pays du vin de Fronton l’eau plate est reléguée au second plan avec divers alcools, particulièrement du rhum.
Soudain, sans aucune raison, Germain se lève et décide de faire le chien, une manière de s’amuser peu singulière et particulièrement agaçante pour le voisinage, surtout à 10 h du soir.
Sur la terrasse de la maison voisine, Carine et Marc passent une soirée au calme que l’aboiement des chiens vient perturber. Carine se lève et sort de chez elle, passe le portillon et voit alors son voisin faire le zouave au bas de la rue. Elle lui demande d’arrêter, mais devant le peu de considération elle se fait plus menaçante : « Vous ne savez pas qui je suis, je vais appeler les flics ».
En guise de réponse elle recevra une gifle suivie d’autres coups. Elle chutera, Germain va alors l’aider à se relever et lui assène un autre coup de poing. À son arrivée sur les lieux du pugilat, son époux aura droit au même traitement. Angoissée et se plaignant de vertiges, elle venait d’être hospitalisée le jour même de l’audience souffrant d’une hémorragie intracrânienne. « On est sur un niveau de coup porté important », relève la présidente.
Puis Germain reste sur place en attendant les gendarmes devant lesquels il reconnaît les faits.
DEUX HOMICIDES
Les conséquences auraient pu être bien pires quand l’on prend connaissance du passé de Germain déjà incarcéré une première fois pour un homicide volontaire (1983) et une deuxième suite à un coup mortel (1991). Il est définitivement sorti de prison en 1997 et depuis il n’avait plus fait parler de lui si ce n’est une peine de prison avec sursis en 2011 pour violence en réunion: « cela fait 20 ans que je suis dans la région et je n’ai pas de problème » témoigne Germain contrit, « Je n’ai pas réellement d’explication, ça me déprime, je ne comprends pas. Je vous demande de l’aide via un psychologue pour savoir ».
Tout au long du procès il ne cessera de s’excuser : « Je suis prêt à tout pour réparer les dommages, même auprès de ma famille. Ça fait des années que je m’efforce à mener cette vie et ça me rend malheureux […] aujourd’hui mon comportement n’est pas tolérable. »
En effet l’enquête sociale montrera que Germain vit tout à fait normalement depuis de nombreuses années avec sa femme et des deux enfants. Chauffeur routier, il a su mettre à profit ses années d’incarcération pour passer des diplômes en philosophie, mais aussi dans le sport.
L’alcool a été un déclencheur, c’est indéniable avec un dépistage à 1 h 30 de 0,48 g d’alcool par litre d’air soir près de 1 g/l de sang.
Après les plaidoiries et réquisitoires, Germain prendra une dernière fois la parole: « Je veux, je peux, je dois faire tout ce qu’il faut pour assumer, travailler et payer… »
L’on ne juge pas une personne à son casier judiciaire, mais comment l’absoudre quand l’on voit le déferlement de violence qui pose question. Pour autant, il faut aussi prendre en compte que Germain a indéniablement changé, ce n’est plus la même personne d’il y a 30 ans. Il a désormais des responsabilités parentales et subvient aux besoins de la famille.
Après avoir longuement délibéré, le tribunal le condamnera à 24 mois de prison dont 18 avec sursis et l’obligation de soins, d’indemnisation et interdiction de contact avec les victimes.
Les juges ont tenu compte de la gravité des faits, du passé de l’accusé, mais aussi des efforts qu’il a initiés. Toutefois, Germain devra envisager un changement de lieu de vie.