Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Le Canal du Midi attend les plaisanciers
Depuis sa réouverture, le 2 juin, la navigation de plaisance sur le Canal du Midi reste timide : ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’unesco, habituellement très prisé des étrangers qui l’ont aujourd’hui déserté, espère attirer, à la place, des Français pour des vacances au fil de l’eau.
« D’habitude, on n’est que deux francophones sur le port », lance Michel, un « bientôt septuagénaire » belge qui vit, depuis vingt ans, sur son bateau. Il a élu « domicile » sur le Canal du Midi, construit au Xviie siècle, faisant de la petite ville de Castelnaudary (Aude) son lieu d’hivernage depuis une dizaine d’années. Quelque 200 000 plaisanciers fréquentent le canal chaque année, dont 70 % venant de l’international. « Les Anglais, les Néo-zélandais, les Australiens sont repartis dans leurs pays dès l’annonce du confinement », explique Clémence Fayard, directrice de l’office de tourisme de la petite ville audoise. « On ne les reverra pas avant 2021 », déploretelle, soulignant que c’est une clientèle importante « pour la vie économique ». « La belle vie » Face à la capitainerie de Castelnaudary, Mary et Steve, un couple de retraités des Midlands (centre de l’angleterre) a été retenu par une avarie moteur. Le teint hâlé, chemisettes et bermudas, les retraités disent n’avoir absolument pas souffert du confinement. « Nous profitons de la bonne nourriture », lance Steve, tout sourire. Mary explique qu’ils ont choisi, à leur retraite, il y a trois ans, de vivre sur un bateau dont le nom « La belle vie » préfigure leur programme. Après avoir sillonné les canaux du nord de la France, ils ont opté, il y a un an, pour le Canal du Midi. UNE SORTIE FAMILIALE
Pour Édouard, le seul Français de la petite communauté portuaire, la situation est moins paisible. Depuis plusieurs années, ce quadragénaire est éclusier. Après avoir travaillé plusieurs saisons autour de Béziers, il attend que les Voies Navigables de France, gestionnaires du Canal, l’appellent. « D’habitude, j’ai déjà commencé. Là, je suis toujours en stand-by et je suis censé faire la fin de saison. » Car la saison sur le Canal du Midi, qui est une voie navigable aujourd’hui essentiellement utilisée par la plaisance, c’est de mars à octobre. Le reste de l’année, le Canal est fermé. Et, les nombreuses entreprises qui louent des bateaux sans permis craignent une année calamiteuse avec une ouverture retardée et surtout une clientèle étrangère évanouie en raison des conséquences de la pandémie de Covid19.
« En général, à partir de Pâques, pour les week-ends, on est bien booké », explique Emily Deighton, une employée d’un loueur qui possède 250 bateaux sur la base de Castelnaudary. La jeune femme affirme que les réservations des étrangers sont quasiment au point mort. Elle espère que les Français, qui ne sont pas, en temps normal, la clientèle la plus importante, vont se reporter vers ces vacances « au fil de l’eau ». « C’était, il y a quelques années, considéré comme des vacances plutôt pour les Csp + et les séniors, mais maintenant nous avons de plus en plus de familles françaises et de quadras pour des séjours apéro-bateau », dit-elle.