Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Il va falloir s’y habituer
Depuis des semaines, avec un soleil généreux et des pluies bienvenues, mais aussi pour cause de confinement et d’équipes techniques à l’arrêt dans les collectivités (communes, départements, métropoles urbaines…), les herbes sont bien plus hautes que d’habitude sur les bords de nos rues et de nos routes.
Covid oblige, il faut désinfecter les équipements entre l’installation de deux chauffeurs différents, ce qui pose de lourdes contraintes logistiques dans les collectivités territoriales.
De toute façon, covid ou pas, il faudra s’habituer à voir des herbes bien plus plantureuses. Des herbes de moins en moins considérées comme mauvaises et folles, et de plus en plus domptées et souhaitées. C’est le résultat de l’entrée en scène du « fauchage raisonné », et ce au lendemain de janvier 2017 et la mise en place du zéro phyto : terminé les pesticides pour entretenir les espaces publics, voiries et autres forêts. Exit le Roundup, herbicide le plus utilisé au monde, et dont la matière active, le glyphosate, est devenue l’emblème d’une chimie nocive pour les sols et la santé humaine. L’époque du désherbant pratique (un ou deux pulvérisations par an) et pas cher, est terminée.
Des communes ont dû s’équiper de matériels – avec des subventions – voire recruter du personnel. Mais ce fut l’occasion de remettre à plat toute la question de l’herbe dans l’espace public.
Il y a des espèces protégées sur les bords de route. Elles peuvent abriter une belle biodiversité (insectes…), aucune raison de les couper. Cela s’appelle redécouvrir la vie foisonnante qui nous entoure. Voilà comment le fauchage devient « raisonné », et la gestion de ces espaces de verdure « différenciée ». Mêmes les concessionnaires d’autoroute s’y mettent avec toutes ces grandes herbes que l’on aperçoit maintenant derrière les glissières de sécurité.
Des experts mènent aujourd’hui des inventaires de cette végétation jadis éliminée sans état d’âme. Il y a les herbes bienfaitrices et les jolis coquelicots, et d’autres qui le sont bien moins. Comme la renouée du Japon, plante invasive qui donne bien des cheveux blancs.