Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Prix bas à la pompe… Jusqu’à quand ?
Malgré le déconfinement, la reprise de l’activité économique et la remontée du prix du baril de pétrole, les prix à la pompe restent bas.
Cela va-t-il durer ? Fondamentalement, le niveau d’incertitudes est tel qu’il est impossible de prédire comment les prix des carburants vont évoluer durant les prochaines semaines ou prochains mois. Le déconfinement a-t-il entraîné une remontée de la demande en carburant ?
La reprise de l’activité a été rapide mais pas complète. La demande en carburant a logiquement suivi et est donc repartie à la hausse. En France, en avril, la consommation d’essence avait chuté de 70 % et celle de gazole de 60 %. On a récupéré un peu plus de la moitié. La demande actuelle est ainsi inférieure de 20 à 25 % de la normale. Au niveau international, la Chine a recommencé à consommer normalement du pétrole brut. D’autres pays sont également repartis après une longue période de confinement. Les prix du baril de pétrole ont-ils suivi cette tendance à la hausse ?
En partie seulement. En avril, le confinement avait entraîné une dégringolade exceptionnelle de 25 % de la demande, soit 25 millions de barils de brut en moins par jour. Les cours du baril avaient sombré à un niveau historiquement très bas : entre 15 et 20 dollars le baril. L’opep et la Russie, avec les États-unis en arrière-plan, n’ont pu se mettre d’accord pour réduire la production qu’à la mi-mai (de 15 millions de barils/ jour). De ce fait, les cours ont remonté. Ils se sont actuellement stabilisés entre 30 et 35 dollars, le baril contre 68 dollars/baril en début d’année. Pour quelles raisons les prix du carburant à la pompe restent bas ?
La remontée du brut n’a pas encore été totalement répercutée. Au plus bas, les prix étaient descendus, en moyenne, en France, à 1,16 euros pour le gazole et 1,22 euros pour l’essence, soit respectivement 29 et 26 centimes en moins que les prix du début d’année. Il existe effectivement un potentiel de remontée de quelques centimes par litre. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette faible remontée des prix (1,19 euros pour le gazole et 1,28 euros pour l’essence, vendredi dernier). Notamment l’effet amortisseur des stocks - qui étaient coloscolossaux - qui joue dans les deux sens : quand les prix du brut baissent mais aussi, comme dans le cas présent, quand ils remontent. Par ailleurs, l’économie mondiale tourne au ralenti. Elle est loin d’être repartie à plein régime.
Nous sommes ainsi à 10-15 millions de barils/jour en dessous de la normale, ce qui est énorme.
Et combien de temps ? Tout dépendra de la réaction des producteurs de pétrole. S’ils décident de rouvrir les robinets et si, par ailleurs, les producteurs de pétrole de schiste américains estiment que le contexte est favorable à une bonne rentabilité, on pourrait avoir une production qui s’emballe et, à nouveau, un phénomène de surplus, ce qui ferait chuter les prix. Mais , aujourd’hui, il est impossible de prédire ce qui va se passer.
S’agissant de la sacro-sainte règle de l’équilibre entre l’offre et la demande, il existe un niveau d’incertitudes qui est inhabituel. D’ordinaire, l’incertitude au niveau de l’offre et de la demande porte sur un à deux millions de barils/jour ; en ce moment, cela se joue sur dix à 15 millions de barils/jour, et c’est du jamais vu.