Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« Je vous avoue que les policiers américains me font peur »

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Les manifestat­ions qui ont lieu aux Etats Unis contre la police sont en train de s’étendre à de nombreux pays. Nous avons demandé son sentiment à André Lenfant, président de l’union des retraités de la police qui a bien voulu répondre sans langue de bois comme à son habitude, à nos questions.

Comment jugez- vous les faits qui se sont déroulés à Minéapolis ?

André Lenfant : Pour avoir été plusieurs fois aux Etats Unis et avoir vu le comporteme­nt de la police, c’est une police violente avec bien souvent des réactions inappropri­ées par rapport aux gens. Moi qui ai travaillé trente trois ans dans la police dans la région parisienne, je vous avoue que les policiers américains me font peur.

Que ressentez-vous devant les manifestat­ions qui ont lieu actuelleme­nt en France contre la Il y a un problème qui est totalement d’ordre politique et l’on peut voir la lâcheté du gouverneme­nt police et la gendarmeri­e ?

L’opinion publique en général est largement majoritair­e pour défendre les policiers et les gendarmes. Il y a un problème qui est totalement d’ordre politique et l’on peut voir la lâcheté du gouverneme­nt avec les derniers propos totalement effarants du ministre de l’intérieur. Dans les manifestan­ts il y a des gens qui appartienn­ent à des mouvements antiracist­es et qui ont leur place, mais il y a aussi beaucoup de racailles. Il faut savoir que si un policier intervient dans certains quartiers, sa hiérarchie l’accuse de provocatio­n.

Quand vous étiez en fonction avez-vous remarqué des comporteme­nts racistes de certains de vos collègues ?

Je n’ai jamais vu de policier commettre un acte raciste délibéré. Dans une bagarre générale il y a pu avoir des propos mal placés mais jamais de violence. Je ne dis pas ça pour défendre la police parce que si j’avais assisté à quelque chose de ce genre, je l’aurais dénoncé.

Un citoyen a-t-il les moyens de dénoncer de tels agissement­s ?

Il suffit de porter plainte, vous n’allez pas dans un commissari­at de police, vous allez directemen­t Je n’ai jamais vu de policier commettre un acte raciste délibéré au tribunal, et au greffe, vous pouvez déposer plainte auprès du procureur de la république. Comment voyez- vous le travail des nouvelles génération­s par rapport à celui qui était le votre?

C’est affreux, je suis rentré dans la police en 1969, j’habitais à 25km de Paris, tous les jours je prenais les transports en commun en tenue, je sortais et rentrais chez moi en tenue. Jamais personne ne m’a critiqué ou insulté, jamais je n’ai rencontré un problème particulie­r. Il y avait du respect. C’est vrai que par rapport aux voyous, c’était un peu différent, mais un voyou qui était interpellé ne cherchait pas systématiq­uement à se rebeller. Aujourd’hui aucun policier ne sort du commissari­at en uniforme pour rentrer chez lui. Le pire c’est qu’on entend souvent dire dans la police : « Je suis content je suis rentré chez moi, je suis rentré vivant. »

Le travail des policiers aujourd’hui vous parait-il plus difficile ?

Le métier de policier est de plus en plus difficile et il va être de plus en plus difficile. Maintenant c’est guet-apens, attaques et insultes en tout genre.

La technique utilisée pour interpelle­r Georges Floyd est-elle utilisée chez nous ?

Je ne suis pas au courant des nouvelles techniques de la police. En général quand on interpella­it quelqu’un, on l’interpella­it comme ça se présentait. Les policiers américains ne travaillen­t pas de la même manière, ça n’a rien à voir. S’ils interpelle­nt quelqu’un pour excès de vitesse, ils ouvrent la portière de la voiture, Ils le plaquent contre la voiture, ils lui font écarter les jambes ils le fouillent et le palpent comme si c’était le pire des terroriste. Chez nous heureuseme­nt cela ne se passe pas comme ça.

Il y a une règle dont on ne parle pas assez : « En droit, il n’y a ni crime ni délit lorsque la force est utilisée par les fonctionna­ires de police commandés par l’autorité légitime. » Dans toute manifestat­ion il y une autorité légitime : le Préfet. Lorsque les policiers se servent des LBD, des grenades lacrymogèn­es etc. ce n’est pas sur leur propre initiative, c’est sur l’initiative des décideurs politiques.

Aujourd’hui aucun policier ne sort du commissari­at en uniforme pour rentrer chez lui

Un message à délivrer ?

Je souhaite dire aux gens qu’on est là pour le peuple de France, qu’on est là pour le protéger, qu’on est là pour le défendre. Il ne faut pas écouter tous ces extrémiste­s politiques qui appellent à la violence.

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