Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Les boutiques coquines soulèvent le rideau

- P. Roussel

«L’espace de vente est consacré aux hommes et aux femmes qui souhaitent mettre «un peu de piment» ou donner un second souffle à leur vie amoureuse.» explique la gérante de la boutique Erotissimo à Montauban. Mais, ici pas de tabous et soyons direct : 300 m2 consacrés au prêt-à-porter sexy, des produits comme les huiles de massage et autres articles plus corsés...

Le 17 mars, après un dernier tour de clé, la chef d’entreprise ne pensait pas devoir attendre deux mois avant de retrouver son enseigne, discrète, située rue Voltaire. Du jour au lendemain, il a fallu plier bagage : «ma salariée s’est retrouvée

Je m’étais, un peu, doutée de la tournure des événements.

au chômage partiel et j’ai réglé quelques détails de gestion comme une commande fournisseu­rs en cours. Sinon, confinée à la maison et je me suis occupée de ma famille.

D’ailleurs début mars, j’avais demandé à mes clients de se désinfecte­r les mains à l’entrée. Certains étaient un peu agacés et d’autres trouvaient ça normal. Un magasin bien rangé où l’hygiène prédomine quelles que soient les circonstan­ces. Mais, je ne croyais pas que le confinemen­t durerait aussi longtemps.»

On pourrait penser que l’activité se soit poursuivie sur internet...

«Mon site me sert uniquement de vitrine sans aucune activité commercial­e. J’avais fait une tentative de vente sur internet pendant, environ, un an. Le résultat s’est avéré décevant. La concurrenc­e est rude et nous n’avons pas les mêmes charges. Je pense plutôt mettre en place prochainem­ent une sorte de fonctionne­ment en drive où les clients pourraient commander sur mon site et venir récupérer leurs achats en magasin.

A titre personnel, je préfère vendre en boutique. C’est important de pouvoir conseiller les clients avec lesquels nous instaurons un climat de confiance et de respect mutuel. C’est un domaine particulie­r. Il faut savoir garder la bonne distance. Souvent, les gens ont besoin d’écoute, également par rapport aux produits que l’on vend... Il n’y a pas de jugement de valeurs et tout cela reste confidenti­el, totalement anonyme.» Une clientèle très diverse avec une reprise d’activité encouragea­nte... «Ici, nous ne sommes pas un sex shop, mais...

une love shop.» Ce qui induit

A titre personnel, je préfère vendre en boutique

que l’on ne trouve pas de cabines destinées au visionnage. Sur le risque d’apriori lorsque l’on exerce dans ce domaine : «cela peut arriver. Dans mon entourage, certains ont des préjugés sur ce métier. J’ai toujours prévenu les vendeuses.

Il y a une sorte d’amalgame avec des gens qui pensent...

... que l’on exerce dans un environnem­ent glauque. Ce n’est pas vrai... C’est spacieux et garni. Cela s’adresse aux hommes, femmes et couples. Il faut que les gens se sentent bien. Mais, j’ai souhaité que le lieu reste discret et lorsque j’ai formulé mon intention d’ouvrir, il y a dix ans, les autorités m’avaient conseillé cette approche de discrétion.»

La gérante nous confirme une fréquentat­ion de «l’instant».

«C’est très lié à des périodes de la vie de chacun. Il n’y a pas de règles précises. La clientèle est très hétéroclit­e. Nous avons

également des habitués. Le fait de se démarquer avec de la lingerie sexy, ou tout simplement des robes pour sortir, est important et sans aucune connotatio­n. Les dames se font belles et séduisante­s.»

Alors, une boutique vraiment comme les autres ?

Disons que pour nous, ce que l’on dit aux clients, le love shop c’est une boutique standard avec des articles particulie­rs que l’on ne retrouve pas ailleurs. Parfois, il y a des doutes, puis l’on nous interpelle en rentrant «ah mais vous avez de jolies choses !»

Une réouvertur­e dans

des conditions de distanciat­ion...

«Nous avons mis en place toutes les obligation­s sanitaires liées au déconfinem­ent. Je mets mon masque dès que je sors du comptoir protégé par le plexiglas. Ce n’est pas une obligation pour les clients qui conservent la notion de distanciat­ion entre les rayons.»

Une démarche volontaire pour pousser la porte...

..., mais des résistance­s existent. «Un frein lié à l’éducation, le parcours de vie... Une fois que l’on a poussé la porte, en réalité rien n’est compliqué.»

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La chef d’entreprise ne pensait pas devoir attendre deux mois avant de retrouver son enseigne, discrète, située rue Voltaire.
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«Nous avons mis en place toutes les obligation­s sanitaires liées au déconfinem­ent.»

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