Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

La tournée des grands ducs

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Sorentin appelle ça un « Bar crawl » du verbe ramper en anglais, les plus anciens disent tout simplement la tournée des grands ducs ou encore barathon… il s’agit de faire la tournée des bars d’une même rue, d’un quartier ou d’une ville. C’est ainsi que Sorentin a passé sa soirée du 11 juillet à s’enivrer dans les pubs et estaminets de Montauban et Labastides­aint-pierre jusqu’à se retrouver à 5 heures du matin sans voiture du côté du quartier des Chaumes, à une dizaine de kilomètres de chez lui.

Le jeune homme de 22 ans ne se souvient pas de ce qui s’est passé « c’est le black-out ». Il a beaucoup bu, c’est sûr. L’alcool n’est jamais bonne conseillèr­e alors il décide de tambourine­r à la porte d’une maison où habite une femme âgée prise de panique. Elle appellera le commissari­at qui interviend­ra et retrouvera Sorentin en train de dormir, T-shirt déchiré et fortement alcoolisé (1,30 g/l) dans la voiture de la propriétai­re après s’être introduit dans son garage par une trape.

Le réveil est mauvais, de suite il commence à injurier les gardiens de la paix, mais finit tout de même par se calmer. Les agents le place alors à l’arrière du véhicule de Police, tout semble bien se passer jusqu’à se qu’il décide de s’échapper, le jeune homme a du répondant, les injures et les coups pleuvent, un agent recevra un coup de pied au visage. Il sera finalement maîtrisé.

Mme la procureur le questionne : « Vous vous imaginez la peur de cette dame ? ». Sorentin répond benoîtemen­t « Je croyais qu’elle allait me ramener chez moi ». On lui demande alors de se mettre sur le côté pour écouter la partie civile, Sorentin s’exécute, mais il ne semble pas concerné, il regarde sa montre comme s’il n’en pouvait plus de voir ce procès s’éterniser.

Mais pour Maître Pujol, avocat des policiers, tout ceci ne doit pas être banalisé : « On toque à sa porte, il y a de quoi avoir des doutes sur ses intentions (…) l’on a aussi tendance à banaliser les injures envers les policiers, on stigmatise les conditions dans lesquelles ils intervienn­ent (… ) il essaye de s’échapper à coup de pied et sera finalement menotté. Lorsqu’on l’amène pour vérifier son taux d’alcool dans le sang il donne deux coups de boule sur la table ».

Sorentin s’en excuse : « Je regrette tout. J’ai même demandé en garde à vue à voir le policier pour m’excuser (…) je les ai insultés gratuiteme­nt, j’étais bourré ».

Ces explicatio­ns ne sont pas suffisante­s aux yeux de Mme la procureur qui trace les traits « d’un garçon désinvolte, une personne qui ne travaille pas ou très peu, pris en charge totalement par sa maman avec un enfant qu’il laisse à sa mère. Il n’a pas d’argent, mais pour faire la tournée des bars il en trouve (…) c’est un garçon qui a besoin de grandir, de se mettre au travail et ne pas attendre que le temps passe en étant pris en charge par sa mère. Il a besoin d’être condamné de manière ferme pour s’insérer dans la société ».

Pour autant la présidente ne souhaite le condamner trop lourdement : « Êtesvous d’accord pour faire un Travail d’intérêt général ? ». Habituelle­ment les prévenus sont plutôt satisfaits quand on leur pose une telle question qui est synonyme de liberté, certains en font même la demande, mais Sorentin ne se montre pas très emballé. Travailler gratuiteme­nt pour une collectivi­té, ce n’est pas intéressan­t à ses yeux et il faudra que le tribunal se montre persuasif pour obtenir un timide « oui ».

Il sera donc condamné à 2 mois de prison avec sursis probatoire sur deux ans avec obligation de travailler et d’effectuer 140 heures de TIG. Il devra aussi indemniser les deux policiers à hauteur de 650 € chacun.

Sorentin échappe donc à la prison sauf s’il oubliait d’effectuer l’une de ces obligation­s.

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