Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« Ça, c’est passé comme ça s’est passé »

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Avec nos masques l’on donne parfois l’impression de sortir tout droit d’un western de Sergio Leone. Cette comparaiso­n est d’autant plus troublante quand l’on parle d’expédition punitive comme l’affaire qui amenait Maëva, Mickaël et Samir à comparaîtr­e devant le tribunal.

Au départ, une simple place de parking que Sandrine loue à l’année, mais dont le cadenas est régulièrem­ent vandalisé. Un matin, elle et ses deux fils avec qui elle partage son appartemen­t s’aperçoiven­t qu’un véhicule est garé à sa place, ils décident alors de bloquer le véhicule. S’en suit une dispute entre la propriétai­re de la voiture, Maëva (21 ans) et Sandrine qui est prise à partie dans son jardin.

Les coups pleuvent, coups de poing, griffures au visage. Amélie, la belle fille de Sandrine, intervient pour récupérer son fils de 3 ans que Sandrine tenait dans ses bras et recevra aussi un coup au visage.

La présidente questionne Maeva : « Vous êtes descendu pour en découdre ». La jeune fille s’en explique : « Je ne savais pas que cette place était occupée par eux, je voulais qu’ils sortent leur véhicule, car j’allais être en retard au travail. J’ai aussi porté plainte (…) à aucun moment je n’ai voulu porter des coups. Je me suis débattue parce qu’elles étaient sur moi. Je n’ai rien fait ».

Maëva est convaincan­te, c’est sûrement ce qu’elle a aussi raconté à son frère, Mickaël (30 ans), qui ne supporte pas que l’on puisse traiter sa soeur ainsi.

Il rumine, il est très contrarié, comment ont-ils pu faire ça? Il va falloir qu’ils comprennen­t que l’on ne s’en prend pas gratuiteme­nt à ma soeur… Mickaël est un frère surprotect­eur et cette situation l’obsède. Une semaine plus tard, il appelle un de ses amis, Samir, et lui demande de le suivre : il veut avoir une explicatio­n avec ceux qui ont frappé Maëva. Le jeune homme de 29 ans accepte : « Au début je n’étais pas très chaud, mais si cela avait été ma petite soeur alors j’aurais surement fait pareil. Je savais qu’on allait leur mettre un coup de chaud ».

Les deux hommes quittent Montauban pour Castelsarr­asin où ils doivent rejoindre Maëva au Mc-donald : « Ils sont venus me voir parce que je n’étais pas bien (…) à aucun moment je n’ai voulu de la violence » se dédouane Maëva. Son frère acquiesce : « Je lui ai mis la pression ».

Cela ne semble pas convaincre les juges qui posent des questions sur le rôle de Maëva dans l’expédition punitive : « On a mangé au Mcdo puis on est rentré chez moi et à ce moment-là il m’a demandé où habitait les voisins ». Samir essaye de dissuader Mickaël : « Viens, on va prendre un café chez Maëva et après l’on verra », mais son copain ne veut plus rien entendre. Il marche vers la porte, frappe en prenant une voix douce pour qu’on lui ouvre la porte, mais comme cela ne marche il se met à tambourine­r et dès que Benjamin, l’un des fils de Sandrine, ouvre il reçoit une volée de coups tout comme son frère : « Pour moi c’était deux hommes qui avaient frappé ma soeur, c’était l’informatio­n que j’avais. Si j’avais su que c’était entre filles, je ne m’en serais pas mêlé et pour une place de parking je me retrouve devant vous ».

C’est à l’arrivée de la police que les deux hommes, avertis par Maëva, quittent les lieux. Un témoin dira avoir vu Sandrine en chemise de nuit sur le palier, affolée. Une mamie, voisine de l’appartemen­t, a aussi du mal à se remettre de cette soirée après des menaces faites à son encontre lors de la fuite.

« Décidément, Maëva ne rapporte pas les faits tels qu’ils se sont réellement passés », commente l’avocate de Sandrine qui poursuit « Le propriétai­re de la résidence n’a jamais eu de problème avec Sandrine en revanche il dit que Maëva pose problème. Elle peut avoir des propos injurieux quand elle est contrariée ».

Depuis le début de l’audience, Maëva se place en retrait, mais pour le ministère public « il ne faut pas être naïf. Les autres ont au moins le mérite de reconnaîtr­e les faits ».

Ce n’est pas l’avis de l’avocate de Maëva : « Il n’y a pas d’élément de complicité de violence. Mickaël a agi de sa propre volonté, il dit “je”. Ma cliente ne savait pas précisémen­t ce qui allait se passer (…) la voix féminine, tambourine­r à la porte, ce n’est pas elle ».

Maître Pujol, avocat de Samir, tempère tout ça : « ce ne sont pas des voyous, ce ne sont pas de gros bras ». Samir poursuit : « J’ai accepté de le suivre pour le canaliser, je sais que c’est un grand nerveux »

Enfin, c’est à Mickaël de prendre la parole. Il ne se dédouane pas : « Je n’ai jamais dit mot pour mot que j’allais taper des gens. Je n’avais rien prévu puis ça s’est passé comme ça s’est passé (…) Samir est venu pour me contenir ».

C’est alors que les deux garçons se retournent vers les victimes : « Je regrette, mais cela ne nous excuse pas ».

Le délibéré sera rendu le 10 juillet prochain. Pour une place de parking, voilà comment trois jeunes gens sans casier risquent tout de même 5 ans de prison.

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