Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Des balles de golf au viol

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Son passé le rattrape. Il est arrêté, extradé en Allemagne. Retour à Würzburg, prison, puis, fin 2000, retour au Portugal. Son amie l’a quitté. Il en trouve d’autres, mais ça ne dure jamais. Il y en a une qui se fera tabasser parce qu’elle a trouvé de la pornograph­ie enfantine dans son ordinateur.

Yeux bleu pâle, élancé (1,82 m), il fait le dandy costumé, conduisant une vieille Jaguar déjà trop chère pour lui. Côté boulot, il accepte tout: serveur, concession­naire automobile, agent de pub pour un journal. C’est la face honnête. L’ombre, ce sont d’abord des peccadille­s, balles de golf trouvées et revendues, oranges volées.

Puis du plus lourd: cambriolag­es d’appartemen­ts de vacances, de chambres d’hôtels, fauche d’appareils photo, de passeports, d’ordinateur­s, tout ce qui a un peu de valeur. Il parvient à passer presque toujours entre les mailles du filet, ne sera condamné que deux fois par les Portugais: une pour avoir résisté aux forces de l’ordre, une autre pour vol. Il avait piqué du diesel et des panneaux solaires.

En septembre 2005, il viole au Portugal une expatriée américaine, âgée alors de 72 ans. Il l’avait ligotée, bâillonnée, frappée.

Elle raconta avoir eu le sentiment que cela lui plaisait, à Christian B. Il filme en vidéo.

On en a retrouvé chez lui plusieurs où il viole des femmes. Ensuite, il avait harcelé la septuagéna­ire pour obtenir de l’argent. Mais cette histoire ne le rattrape que douze ans plus tard. Entre-temps, pour un autre abus d’enfant, un tribunal de Basse-saxe a voulu l’envoyer en prison, en 2016.

Il s’était encore enfui au Portugal. Extradé en 2017, il a été condamné en 2019 à des années de prison pour le viol de l’américaine, mais le jugement n’est pas définitif.

Maddie maintenant. À l’époque, il fait surtout dans le trafic de drogue, de la marijuana contre des relations sexuelles avec des jeunes filles. Il était à Praia da Luz, le 3 mai 2007, son portable le prouve. Il a appelé quelqu’un, on ne sait pas qui. Un employé du village lui avait par bêtise fait comprendre que les Mccann dînaient dehors.

Un , voire deux hommes blonds furent vus ce soir-là, dont l’un portait une fillette en pyjama rose. Il y a aussi son van, camionnett­e VW blanc et jaune, dans laquelle il vivait beaucoup à l’époque. Elle a été remarquée, des jours après, une petite fille était paraît-il dedans. Mais la police portugaise n’a jamais fait le lien.

Lors d’une discussion sur internet, en 2013, Christian B. Écrit qu’il voulait «capturer quelque chose de petit et l’utiliser pendant des jours». En 2014, il s’énerve devant des gens parlant de Maddie: «L’enfant est morte, maintenant, et c’est une bonne chose. Vous pouvez faire disparaîtr­e un cadavre rapidement. Les cochons aussi mangent de la chair humaine.» Dans un bar, trois ans plus tard, il se vante d’avoir «enlevé Maddie». En 2017, un Portugais appelle Scotland Yard. Il a reconnu Christian B. sur une photo.

D’AUTRES HISTOIRES RESSORTENT.

Septembre 2019, la police allemande enquête par exemple sur la petite Inga, 5 ans, blonde aussi, disparue en 2015 en Saxe-anhalt, alors que Christian B. Était dans les parages. La police découvre vite le lien possible avec une autre fillette: Maddie. On en est là. Attendant des aveux, ou une preuve ultime, ce que les enquêteurs appellent «le coup de grâce». D’abord, la photo. Ensuite, beaucoup de présomptio­ns. Mais guère d’innocence désormais, dans le palmarès criminel de Christian B.: Maddie n’y serait qu’une ligne de plus.

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