Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Un Moissagais condamné pour Djiad
Parti chercher son épouse en Syrie, Sébastien A. était accusé d’avoir été missionné par Daech pour commettre un attentat en France.
Tout au long de l’instruction, l’accusé n’a cessé de répéter qu’il était parti dans l’unique but de ramener son épouse. S’il est parvenu à rentrer en France aussi vite, dit-il, c’est en faisant croire aux responsables du groupe Etat islamique (Ei) qu’il allait se faire exploser dans un cinéma à Toulouse.
Mais l’accusation, elle, doute que le voyage de Sébastien A. Se résume à la seule passion amoureuse. Et souligne qu’il « a pleinement participé aux actions de l’ei » en Syrie.
Né à Montauban, cet ancien soudeur, élevé dans l’athéisme, rencontre Halima B., jeune musulmane, au début des années
2010. Il se convertit à l’islam, afin « d’être accepté de ses parents et pouvoir se marier ». Le couple coule des jours heureux jusqu’à ce que Halima B. Se mette à échanger avec un certain Abou Moussa sur un site communautaire.
Ce dernier se révèle être un combattant français ayant rejoint Daech. Cachant cette correspondance intime à son compagnon, Halima B. tombe sous le charme de cet homme qui pose avec un kalachnikov.
En juillet 2014, elle le rejoint via un vol vers la Turquie. Apprenant son départ, Sébastien A. « pète un câble » et s’enquiert de la ramener.
Mais rien ne se passe comme prévu. Le lendemain de son arrivée, Halima B. est, selon son récit, abusée sexuellement par son amant sous la menace d’un fusil. Ce même homme lui impose des viols collectifs. Quant à Sébastien A., non seulement il ne retrouve pas sa compagne, mais il est aussitôt formé militairement et envoyé au front à Deir ezzor. Là, il dit avoir été chargé de tirer sur « les forces de Bachar-el Assad et le Hezbollah».
Sauvé des combats par Abdelilah Himich, figure du djihad originaire de Lunel, Sébastien A. Apprend que son épouse est parvenue à rentrer en France. Selon ses déclarations, il convainc alors Sabri Essid, bras droit de l’émir de l’amni (les services secrets de Daech) et demi-frère de Mohamed Merah, de l’envoyer commettre une mission suicide.le Roméo du djihad se coupe les cheveux, rase sa barbe et renoue avec Halima B. Curieusement, le couple vit sans être inquiété pendant un an et demi. Ce n’est qu’en mars 2016 que la Dgsi interpelle les deux amoureux à Moissac. Seul le jeune homme est mis en examen et écroué : la justice faisait preuve de mansuétude à l’égard des femmes djihadistes.
L’accusation souligne que des expertises informatiques ont révélé des recherches sur Daech, les attentats et les produits airsoft depuis son retour. Ce qui, selon elle, permet de s’interroger légitimement « sur ses intentions réelles ».
Il a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle par la cours spéciale de Paris.