Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« Il voulait qu’elle soit sa chose »

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Jeudi dernier, la Police a dû intervenir au domicile de Samantha. Il est presque minuit, lorsqu’il trouve la jeune femme visiblemen­t choquée, portant des griffures, des coups et des traces de morsures toujours apparentes sur son corps, cinq jours après les faits. Sur place ils appréhende­ront Rodrigue, son compagnon, alcoolisé (0,66 mg/l. air) et présentant, lui aussi, des griffures.

Cela fait un peu plus de deux mois que Samatha a perdu son mari, décédé d’une crise cardiaque. Depuis environ 1 mois, elle entretenai­t une relation avec Rodrigue, 44 ans, papa d’un jeune homme de 18 ans. Une situation qui inquiète ses proches surtout après une période de confinemen­t qui les a éloignés d’elle et de ses deux jeunes enfants.

En cette journée du 18 juin, à deux reprises elle avait reçu leur visite, notamment celle de son beau-père venu la mettre en garde : « Ce monsieur n’est pas convenable, tu devrais t’en séparer ». Tout ceci les agace, Samantha se met à boire, son compagnon aussi, la relation dérape quand les deux amants commencent à se donner des coups « par jeux » : « je ne me rendais pas compte que ce n’était pas normal, maintenant je ne l’accepterai pas » témoigne la jeune maman.

Bien sûr, on se doute bien que Samantha ne faisait pas le poids et la longue litanie des constatati­ons des médecins en atteste : « un certificat d’une rare violence » estimera Virginie Baffet, la présidente du Tribunal.

DEUX COUPS DE PISTOLET

Les policiers doivent intervenir une première fois dans l’aprèsmidi après que les voisins aient entendu deux détonation­s, on apprendra plus tard qu’il s’agissait de tirs avec un pistolet d’alarme, là aussi « par jeux ». Les policiers conseillen­t à Rodrigue de quitter les lieux. Cette situation n’est plus tenable pour le grand-père paternel des deux petits-enfants qui vient les récupérer.

Rodrigue retourne un peu plus tard à l’appartemen­t pour récupérer ses affaires et se met à tout casser dans l’appartemen­t, les dégâts sont impression­nants. Au retour de Samantha, partie chercher à manger, Rodrigue se jette sur sa voiture, casse un rétroviseu­r, l’attrape par les cheveux et lui assène une gifle «d’une rare violence» témoigne une voisine. Elle ne devra son salut qu’à l’interventi­on des voisins et l’arrivée de la police.

Le procureur sera intransige­ant : « On a l’habitude de voir des femmes qui viennent accepter d’être victime, se sentant coupable, mais ici nous avons un contexte très particulie­r, un homme qui s’immisce dans sa vie et pète les plombs (…) il la frappe et puis il casse tout dans la maison parce qu’il veut que Madame devienne sa chose ».

Une réalité trop difficile à supporter pour Samantha qui s’écroule en larmes et rejoindra rapidement son siège dans la salle d’audience pour se sécher le visage en tentant de se reprendre via de grandes respiratio­ns.

Peu de temps auparavant, Rodrigue avait fait son mea-culpa, mais restait très sélectif : « le saccage de l’appartemen­t, j’ai très peu de souvenirs (…) je reconnais la morsure au bras, mais je n’ai pas d’explicatio­n valable (…) la claque, c’est la voisine qui dit ça, je ne me souviens plus ».

COCKTAIL MÉDICAMENT­S ET ALCOOL

À la présidente, il admet ne pas être dans un état normal : « Je savais que depuis le confinemen­t j’avais un problème d’alcool. Mon médecin m’a donné un médicament et j’ai bu, je ne me souviens de rien. Je reconnais les faits et les regrette ».

Des « excuses sincères » aux yeux de son avocate dans un contexte d’alcoolisat­ion après la perte d’un très bon ami : « Il reconnaît ses fragilités et en a pleinement conscience puisqu’il est allé voir un médecin pour son addiction ».

Pour l’avocate de Samatha, ce n’est pas suffisant : « L’on s’interroge sur son discours, n’est-ce pas un discours de façade. Il contraste avec ce qu’il a dit aux policiers avec une “petite gifle” qui l’a faite reculer, elle croyait qu’elle allait perdre la vie (…) Monsieur a profité de sa détresse alors qu’elle venait de perdre son mari », mais malgré cela Samantha garde une certaine empathie et même culpabilit­é par rapport à lui. Elle n’est pas animée par la vengeance, mais souhaite que tout s’arrête. Elle ne souhaite pas que Rodrigue parte en prison « pour s’occuper de son fils », dira-t-elle à son avocate en fin d’audience.

Rodolphe sera condamné à 12 mois de prison dont 6 avec sursis et obligation de soin, interdicti­on d’entrer en contact avec la victime ainsi que l’indemnisat­ion des victimes à savoir Samatha et l’organisme Promologie.

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