Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

LE TABLEAU DE CHASSE EXPLOSE

Campagne 2019/2020. L’excellente saison des chassurs Tarn-et-garonnais

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Pas de chance. Après avoir obtenu bec et ongles l’autorisati­on de chasser un mois de plus, le confinemen­t réduira de quinze jours la saison. L’enjeu, garder les dégâts du gibier à un niveau supportabl­e financière­ment et acceptable pour l’agricultur­e.

On a dû tout décaler pour la fin de l’année

Pas de chance. Après avoir obtenu bec et ongles l’autorisati­on de chasser un mois de plus, le confinemen­t réduira de quinze jours la saison. L’enjeu, garder les dégâts du gibier à un niveau supportabl­e financière­ment et acceptable pour l’agricultur­e. Même si les “anti” chasse parlaient de “soulagemen­t” via les réseaux sociaux; l’on peut d’ores et déjà relativise­r sur ce prolongeme­nt écourté avec un tableau record de 3995 têtes pour la campagne annuelle. Soit, un prélèvemen­t supplément­aire de 600 sangliers concernant l’année précédente. Quatre chiffres : le Tarnet-garonne compte 7 000 chasseurs, 195 A.C.C.A, 40 chasses privées et 15 associatio­ns spécialisé­es.

Rencontres avec Thierry Cabanes, président de la Fédération de Chasse 82 et Frédérique Le Capitaine, responsabl­e du service technique.

LPJ. Président, pas trop déçu d’avoir dû écourter de quinze jours la saison de chasse ?

Thierry Cabanes. Disons que le confinemen­t est venu nous casser ce mois de chasse supplément­aire. Donc, nous avons perdu quinze jours qui nous étaient accordés. Difficile dans certains endroits, nous avions besoin d’y aller... Un prolongeme­nt accepté au niveau national pour lutter contre les dégâts et c’est le thème principal de la chasse du mois de mars.

Des structures fédérales déstabilis­ées pendant cette

période troublée ?

Thierry Cabanes. Bien sûr, il faut comprendre que cela a remis en cause tout le fonctionne­ment de notre structure fédérale. Nous sommes un départemen­t à A.C.C.A. obligatoir­es. Elles devaient tenir leurs assemblées générales sur cette période avec des élections de prévues. On a dû tout décaler pour la fin de l’année, si c’est possible, en tenant compte du déconfinem­ent qui s’accélère. Le souci, c’est que notre organisati­on fédérale n’a pas pu avoir lieu.

Le congrès du mois d’avril annulé, votre fonctionne­ment est-il perturbé ?

Thierry Cabanes. Pas de congrès cette année, mais l’etat a pris un décret qui nous autorise à prendre des décisions pour fonctionne­r par le conseil d’administra­tion. On a transposé cette facilité sur nos A.C.C.A. , afin qu’elles puissent également fonctionne­r sur les règlements de l’année dernière sans avoir fait d’assemblées générales en sachant, comme je vous le disais, que cette année, elles sont en électives. Si l’on peut, on reprendra nos réunions d’informatio­n, déjà parce que l’on aura plaisir à se retrouver pour eux comme pour nous. Certaineme­nt en automne, mais ce n’est pas la même chose car la chasse aura repris.

Certaines fédération­s de chasse on fait la demande en préfecture, afin de pouvoir effectuer des battues pendant le confinemen­t...

Thierry Cabanes. La battue administra­tive remplace l’acte de chasse soit parce que la période est fermée, soit parce que ce sont des endroits où l’on ne peut pas aller. C’est l’etat qui prend le relais à partir d’une demande d’un agriculteu­r ayant déclaré des dégâts. Il sollicite l’interventi­on de l’etat pour détruire l’espèce incriminée. Nous, on donne un avis. Ensuite, c’est la louveterie qui intervient pour régulation. Cela peut aller du corbeau à la palombe, du sanglier au chevreuil...

En France, pendant le premier week-end d’avril, des chasseurs étaient appelés à la rescousse par les autorités pour signaler aux forces de l’ordre les contrevena­nts aux dispositio­ns des règles de confinemen­t. Une initiative qui n’a pas eu de suite. Quel est votre sentiment ?

Thierry Cabanes. Non, ce n’est pas notre boulot... On n’a pas à aller contrôler... D’ailleurs, L’OFP s’était mise en retrait... Il existe dans certains endroits des convention­s entre la gendarmeri­e et la chasse qui permettent de surveiller les territoire­s, mais ça n’a rien à voir...

Alors, revenons à nos sangliers : une sacrée saison... Frédérique Le Capitaine.

On en compte 600 de plus représenta­nt, environ, 1,5 sanglier prélevé aux 100 hectares et ça ne cesse d’augmenter depuis 30 ans. Cela vous donne un ordre d’idées... Il y a du sanglier en Tarn-et-garonne, après ce n’est pas non plus, le Gard ou l’hérault. On n’a pas un territoire qui puisse accueillir une population aussi nombreuse...

Qu’est-ce qui influe sur les dégâts et le niveau d’indemnisat­ion ?

Frédérique Le Capitaine.

C’est une espèce qui a su s’adapter au monde moderne, à la culture comme elle est conçue aujourd’hui. Dans les années 90, on prélevait 600 sangliers dans le départemen­t... S’il y a des cultures à risque, nous sommes plus impactés financière­ment... Thierry Cabanes. On a intérêt à faire du préventif. Nos territoire­s sont responsabi­lisés et la loi nous oblige à payer les dégâts qui sont occasionné­s par le grand gibier. Au niveau national ça représente 80 millions d’euros et dans le Tarn-et-garonne 150 000 euros... ce sont nos adhérents qui payent.

Et, concernant les zones qui ne sont pas agricoles ?

Thierry Cabanes. On est prêt à aider les “non agriculteu­rs” à combattre les dégâts sur leurs pelouses et dans leurs piscines, mais quand ils voient des casquettes orange; il ne faut pas qu’ils appellent la police... Sinon, ils se débrouille­nt en clôturant.

Vous pensez à “l’antichasse” ?

Thierry Cabanes. Oui, vous avez “l’anti-chasse”. Ils ne veulent pas qu’on chasse, mais que les sangliers ne fassent pas de dégâts sur leur pelouse, alors qu’ils se débrouille­nt; ils clôturent... La chasse péri-urbaine est un phénomène nouveau et compliqué à gérer. Les chasseurs de ces communes ont du mérite.

Un autre phénomène qui concerne les routes...

Thierry Cabanes. En effet, on compte de nombreuses collisions avec presque deux par jour en moyenne dans le départemen­t. Ces dégâts-là sont bien supérieurs à ceux de l’agricultur­e.

Qu’en est-il du prélèvemen­t des autres espèces ?

Frédérique Le Capitaine. Nous sommes à 6500 chevreuils en prélèvemen­t. Il y a un intérêt à réguler dans les zones à risques comme celles qui sont fruitières. En cervidés, 200 animaux ont été prélevés. Il faut savoir que cette espèce est arrivée chez nous dans les années 90.

Alors, la chasse se porte bien ?

Thierry Cabanes. Deux tiers des personnes chassent le gros et un tiers le petit gibier. Nous avons des communes où l’on constate moins de chasseurs, les gens vieillisse­nt. Les agriculteu­rs ne prennent plus le permis et il faudrait qu’ils le reprennent... On a fait une belle opération en faisant passer le permis à 40 jeunes agriculteu­rs la saison dernière. Je vais voir combien d’entre eux vont le reprendre ?

Frédérique Le Capitaine. En étant dans l’activité de chasse, ils se rendent compte des difficulté­s. Justement, qu’ il faut faire attention par rapport aux habitats, les routes, communes... Un animal reste sauvage... Ce n’est pas si facile.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre opération caritative de fin d’année ?

Thierry Cabanes. Ce type d’actions a lieu tous les ans et cette année 118 chevreuils

ont été offerts par les chasseurs à la Croix-rouge au moment des fêtes.

Certains dénoncent la dangerosit­é de la chasse, que leur répondez-vous ?

Thierry Cabanes. Comme toute activité nature, la chasse aura toujours un risque d’accident. A notre connaissan­ce aucun accident dans le Tarn-et-garonne en 2019. D’une manière globale ils sont souvent dû au non respects des consignes et des drames qui touchent les chasseurs entre eux, lorsqu’ils chassent en familles ou entre amis... Mais, également des drames concernant des cyclistes, randonneur­s... C’est terrible et nous faisons tout pour prévenir les accidents en sachant que, malheureus­ement, le risque “zéro” n’existe pas et dans tous les domaines... Ce serait mentir que de dire que le risque n’existe pas, mais nous sommes très investis dans la sécurité.

Pour éviter les drames, des mesures très encadrées...

Nous allons former tous nos chasseurs à la sécurité. Nous l’avons voulu. Le cadre est de dix ans pour le faire et nous débuterons en 2021 car la pandémie nous a un peu retardés. L’avantage en Tarnet-garonne, c’est que beaucoup de chasseurs sont déjà formés à la sécurité; ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Notre intérêt, c’est que les gens sachent organiser la chasse, poster tout le monde, connaissen­t leur environnem­ent et une capacité à croiser des non-chasseurs... afin, d’être capable d’expliquer qu’elle est le bon relationne­l. C’est du travail tout cela. Il faut parler avec les personnes, la conviviali­té en fait partie, c’est vraiment très important.

Quel type de formation pour les chasseurs, exactement ?

Thierry Cabanes. D’une durée de trois heures avec de la théorie et de la pratique. On reprend l’examen du permis de chasser. Je prends l’exemple de quelqu’un qui a passé le permis; il y a trente ans, c’est très utile. Pour les jeunes, ça sera une “piqûre” de rappel.

Quelques mots sur la sécurité en matière de battues ?

Frédérique Le Capitaine. Nous organisons, de notre initiative, la formation depuis dix ans des directeurs de battues. Il est obligatoir­e d’avoir suivi la formation pour être chef de battues. Il faut savoir qu’elles sont très organisées; chacun est à sa place.

Thierry Cabanes. Il nous faut des gens compétents, sérieux, capables de donner des consignes et d’accepter des responsabi­lités. Le directeur de battues s’appuie sur des chefs de lignes qui dispatchen­t les tireurs sur le terrain en leur disant : “regarde bien ton environnem­ent; tu as un chemin là; une maison un peu plus loin... tu regardes où tu peux tirer, là tu peux... “. Si les personnes ne sont pas correctes, elles ne restent pas.

En termes de communicat­ion, des projets ?

Thierry Cabanes. Vous allez avoir une belle campagne de communicat­ion qui va sortir avec des films et de grandes affiches. Nous allons passer à l’offensive.

Vous-êtes vice-président national, votre vision est forcément globale...

Thierry Cabanes. Cela permet de voir les différence­s de chasses entre départemen­ts. La chasse est riche de sa diversité, mais c’est compliqué de mettre tout le monde dans le même sens. Nous avons des pratiques de territoire, des mentalités avec des différence­s énormes. Tout change d’un départemen­t à l’autre et l’intérêt c’est d’avancer ensemble.

Votre investisse­ment dans le domaine de la chasse date depuis un certain temps...

Thierry Cabanes. Certains diront depuis trop longtemps (sourire et sur le ton de la plaisanter­ie), c’est le troisième mandat en Tarn-etgaronne et mon premier au niveau national. Tout cela représente beaucoup de travail, mais j’ai la foi, la rigueur et j’aime ça.

Pour conclure, votre parcours et chasseur depuis toujours ?

Thierry Cabanes. Moi, je suis un paysan; je suis du pays donc je suis un paysan. J’ai travaillé à l’extérieur pendant vingt ans et repris la ferme familiale à 38 ans. Mon permis de chasse passé à l’age de seize ans... J’ai été président de L’A.C.C.A. de Stcirq pendant Vingt-ans. Mon père était chasseur, mais j’ai débuté la chasse avec mon grand-père; au début le lièvre, puis le gros gibier.

1,5 sanglier prélevé aux 100 hectares et ça ne cesse d’augmenter depuis 30 ans. Deux tiers des personnes chassent le gros et un tiers le petit gibier Il nous faut des gens compétents, sérieux

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Rencontres avec Thierry Cabanes, président de la Fédération de Chasse 82 et Frédérique Le Capitaine, responsabl­e du service technique.

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