Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

L’abstention, évidemment

Que retenir des municipale­s 2020 ?

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Le taux de participat­ion (44,3%) a été terribleme­nt bas au premier tour. La faute au Covid-19 et à la peur de la contaminat­ion, évidemment.

Un argument qui ne tenait plus au second tour, hier, dont le taux de participat­ion a été pire encore que le 15 mars (40 %).

Le délai inédit de trois mois entre les deux scrutins y est pour quelque chose. Le déconfinem­ent aussi. Les Français n’avaient pas la tête à voter. Mais la typologie des communes en lice pour le second tour est également à prendre en compte. C’est essentiell­ement dans de grandes villes, où la participat­ion est traditionn­ellement plus faible, qu’il s’agissait de se choisir un maire, hier. C’était attendu. Ce n’est pourtant pas un incident de parcours uniquement lié aux circonstan­ces, mais une vraie claque pour notre démocratie. Il faudra s’intéresser tout particuliè­rement à lamobilisa­tion (ou à la démobilisa­tion) des jeunes électeurs. Ils avaient massivemen­t boudé les urnes le 15 mars. Ils sont l’avenir. Leur absence renouvelée au second tour – si elle était confirmée – constituer­ait une très, très mauvaise nouvelle pour un système dans lequel ils ne se reconnaiss­ent probableme­nt plus.

Et après ? Dimanche, tous les regards étaient tournés vers les Verts. Jamais ils n’avaient obtenu pareils résultats à des élections locales.

Habitués à faire de la figuration aux municipale­s, ils confirment leurs performanc­es aux Européenne­s en décrochant une flopée de grandes villes, dont Lyon, Bordeaux (à la surprise générale), Strasbourg, Poitiers, Annecy, Tours ou Besançon.

Nouveau paysage politique Une percée spectacula­ire, rendue en partie possible par un changement de stratégie du Parti socialiste, dont les candidats se sont fondus dans des alliances au profit des Verts dans de nombreuses villes.

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, partisan d’une union des gauches pour la présidenti­elle de 2022, a oeuvré au rassemblem­ent, ce qui lui a réussi : les socialiste­s conservent Paris, Nantes, Rennes, Lille (à 227 voix près), Montpellie­r, prennent Nancy… Et Marseille est une victoire verte et rose.

Les Républicai­ns sont sur la troisième place du podium. Ils n’ont pas brillé hier, mais il ne faut pas oublier que plus de la moitié (56%) des maires élus au premier tour dans les villes de plus de 9 000 habitants était LR.

Le Rassemblem­ent national et La République en marche, les deux gagnants des Européenne­s de 2019, devant les Verts, ont clairement raté le coche. Les deux formations voyaient dans ces élections une occasion de se créer un « ancrage local », vu comme un marchepied pour les scrutins à suivre, dont la présidenti­elle. Ils n’y sont pas.

Le RN peut se féliciter d’avoir conquis Perpignan, mais le parti de Marine Le Pen voulait conquérir une série de nouvelles villes, il n’a que Moissac et Bruay-la-buissière (Pas-de- Calais) à son tableau de chasse en plus de Perpignan.

La République en marche peut se féliciter d’avoir fait élire 10 000 conseiller­s municipaux, l’objectif que Stanislas Guerini, le délégué général du mouvement, s’était fixé, mais il ne remporte aucune grande ville. Pour le parti de la majorité présidenti­el, c’est rikiki. Seule la belle élection d’édouard Philippe, au Havre, aurait été de nature à le consoler… mais lepremier ministre n’a jamais adhéré à La République en marche.

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